patrimoine et création

Prière d’insérer

Par Alexandre Melissinois, architecte et urbaniste, professeur au centre des Hautes Etudes de Chaillot et de l’université de Louvain, expert Coopération Technique Internationale.

Le patrimoine comme capital évident. La création comme enrichissement nécessaire …l’insertion de bâtiments contemporains dans la ville ancienne renvoie à des questions plus larges dont on ne saurait faire l’économie en proposant les simples recettes du « bien faire ».
Ni « tabula rasa », ni nostalgie, ni théorie du chaos et surtout pas « esthétique du marché », l’urbaniste Alexandre Mellissinois prend position pour la réflexion critique et débat au cas par cas.

Jusqu’à des temps récents, la conservation du patrimoine était réservée à quelques édifices ou inscrits, protégés en tant qu’ « objets de culture ».
Depuis quelques décennies – mais sans que l’on ait encore cerné le sens et les modalités de cette action – c’est la ville ancienne en tant que telle qui tend à être prise en considération. Pour elle-même certes mais aussi, et peut-être surtout, en réponse à nos interrogations face à l’univers d’une urbanisation récente qui ne s’inscrit dans une aucune filiation identifiable et qui souffre d’uniformité et de disparité à la fois. Au long de l’histoire, la modernisation de la ville a toujours été favorablement accueillie. Aujourd’hui, pour la première fois, elle est souvent récusée tant pour ses formes en périphérie que pour ses rénovations en quartier ancien. Il s’agit là d’une démarche que l’on peut juger passéiste, mais elle correspond à une réalité de nos sociétés. Nostalgie ? Besoin de racines et d’identité ? Sans doute en partie, mais en quoi cela serait-il illégitime ?

Un espace signifiant et moderne
Rares par la faiblesse de leur étendue, signifiants chacun par sa particularité, ces quartiers anciens ne sauraient être reproduits sauf par de dérisoires imitations. Il convient donc de les conserver au bénéfice non seulement du « patrimoine » mais aussi de l’identité des agglomérations.
Par ailleurs, alors que le débat sur l’urbanisme s’est épuisé faute d’enjeux possibles et que sont érigés en théorie le constat du laisser-faire de « la ville émergente » ou l’apologie du « chaos » urbain, la ville ancienne offre aujourd’hui le seul regard critique sur notre pratique de l’urbanisation. En cela, elle est aussi un instrument de travail moderne qu’il convient au bénéfice de notre débat sur l’urbain.

Une gestion de la transformation
Reste à savoir ce que peut signifié de protéger la ville comme « ensemble » ? Morphologiquement, cela implique de maintenir son « épaisseur », c'est-à-dire sa configuration avec ses caractères particuliers et leur rapports, et non seulement une somme d’édifices considérés comme des objets indépendants. Cela signifie aussi conserver une masse significative de son bâti pour assurer sa cohérence.
Mais, la ville est « utile », vive et active, elle doit répondre à des réalités concrètes de nos sociétés. Elle ne saurait être conservée pour un but contemplatif, ainsi que peut l’être un édifice d’exception. La ville est complexe, relève de décisions multiples, subit des pressions et des contradictions constantes, et est un perpétuel inachevé.
De ces faits, et en contrepoint de la double vision messianique proposant pour les uns de faire table rase du passé, et pour les autres de faire table rase de l’avenir, ici l’enjeu est celui d’une « gestion de la transformation » capable d’ « actualiser » sans cesse la ville pour assurer son utilité et sa pertinence à chaque moment de son histoire qui survient, tout en conservant sa figure.

La règle commune, condition de l’insertion
Il n’ya pas de « milieu ancien » unique. Si la figure de la ville est une, ses formes sont diverses. Chaque ville a sa particularité et son identité, cette singularité étant d’ailleurs son premier caractère patrimonial. Cependant, malgré son infinie diversité, morphologiquement la ville ancienne relève d’une « convention », d’une « règle commune » qui fait sa figure : elle est articulée en un tout, l’extraordinaire se distingue de l’ordinaire, l’espace est hiérarchisé par une composition d’ensemble, l’îlot forme l’unité élémentaire d’un tissu où seul l’exceptionnel déroge, les parties sont solidaires entre elles.
Ce sont les « conditions urbaines de l’architecture » qui déterminent le dialogue des édifices et qui font que chacun peut apporter sa contribution, respectueuse ou contestatrice, mais toujours « par rapport à… »Ce dispositif a réglé la figure multi-séculaire de la ville et assuré sa continuelle transformation sans rupture. Et, que cela plaise ou non, encore aujourd’hui, la condition de toute intervention architecturale prétendant à l’ « insertion » reste l’inscription de l’édifice dans cette même règle commune.
« L’art naît de la contrainte, vit de luttes et meurt de liberté. » André Gide, Nouveaux Prétextes.
En ce domaine, le débat habituel oppose « patrimoine » et « création ». Comme si d’un coté il y avait des droits acquis et intangibles et, de l’autre, une revendication de transgression, juste et insatisfaite. Cette distinction sous-tend que tout patrimoine fait obstacle à la création, l’architecture contemporaine étant, pour sa part et par définition, incompatible avec tout milieu patrimonialement chargé. Sortir de ce débat dogmatique et stérile suppose de légitimer de façon critique chaque partie et chaque geste aussi bien de l’un que de l’autre – du patrimoine et de la création- au lieu de les aborder l’un, sous forme reliquaire, nostalgique et regrets, et l’autre comme nécessaire négation systématique du lieu.
Seule une approche critique au cas par cas, projet par projet, peut donner aux termes du débat une dimension d’acteurs vifs de l’architectural et de l’urbain : le patrimoine comme un capital évident et la création comme un enrichissement nécessaire.
Cette « subordination » de la partie à la règle commune du tout n’a d’ailleurs jamais empêché la création ou bridé l’architecture.

Question de style
Le reste est une question de style. L’unité de la ville ne suppose pas la constitution d’ensembles uniformes. Le « collage » est inhérent au tissu urbain riche de ses stratifications. Reste, que « collage » n’est pas synonyme de « juxtaposition ». Il procède d’une élaboration savante qui réunit des éléments divers pour former un tout. Il ne s’agit donc pas de débattre des références stylistiques des architectures nouvelles, mais de savoir si celles-ci peuvent s’articuler avec l’existant pour continuer à former un ensemble comme l’ont fait les siècles passés.
Par ailleurs, au nom du formalisme stylistique, le dogmatisme qui domine récuse la restauration respectueuse ou l’imitation opportune au nom d’une modernité qui reste à définir en cette période historique, la plus éclectique qui fut. Ayons la lucidité de distinguer aujourd’hui l’architecture « contemporaine » de l’architecture « moderne », avec toute la charge positive et de progrès donnés à ce dernier mot lorsqu’il s’est inscrit dans notre vocabulaire. Si la notion de modernité n’est pas seulement réduite à de la transgression, à des gestes formels, ou à l’emploi de matériaux et de technologies récentes, mais si elle reflète un « état d’esprit » marqué au coin de l’innovation pertinente, alors on peut dire que la modernité est un peu présente dans l’architecture contemporaine.

Au cas par cas, le débat.
Le débat ne peut être abordé de façon générale en termes de « pour » ou « contre » l’architecture contemporaine ou « pour » ou « contre » le milieu ancien constitué et protégé. C’est au cas par cas que l’on peut juger de la pertinence de la réponse apportée. Elle dépend tant de l’élaboration de la réponse elle-même que de la façon dont elle prend place dans le contexte.
La lacune de notre façon de procéder est que l’on protège tel ou tel lieu considérant que le reste peut se contenter de l’indigence architecturale qui domine les documents réglementaires de l’urbain. On pourrait imaginer que, comme le stipule le titre premier du Code de l’Urbanisme, tout le territoire est un patrimoine. Non pas pour empêcher les projets mais pour obliger au débat à leur occasion. Car, la réelle protection consiste à regarder les lieux et à débattre du projet en connaissance de cause.

merci infiniment providence ,c'est très gentil de ta part , jazaki lah fiki kol khiere

j'ai oublié de mettre la reference
Technique et Architecture ( Metamorphose n° 475) ...Alexandre Melissinois.p26

ajma3ine incha allah .... j'aimerai bien qu'on debat sur ce sujet la ... on pourra approndir ce theme ...ca sera super interessant

"Qu'est-ce-que le Patrimoine?"

Pour vous, quelle est la conception de la notion de Patrimoine?
Qu'y mettez-vous?
Y-a-t-il un Patrimoine contemporain pour vous?
Valorisez-vous le patrimoine intangible?
Y-a-t-il un patrimoine plus important qu'un autre? etc...

j'attend vos reponses les amis

Bin alors les amis aucun de vous n'a une reponse, un avis, une petite opion la dessus ????
à mon avis vous bouder ce petit bijou de forum.....sinon vous devez etre trés occupés .....^__^ lollll

djakoum allah belkhir pour ce partage