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la dualité: bonheur/malheur
« Lorsque le malheur touche l’homme il est plein d’impatience;et lorsque le bonheur l’atteint, il devient insolent.
bonheur naît du malheur, le malheur est caché au sein du bonheur
On n'est jamais si malheureux qu'on croit ni si heureux qu'on avait espéré.
Le vrai bonheur coûte peu; s'il est cher, il n'est pas d'une bonne espèce.
Panorama de l'évolution des politiques urbaines et des instruments d'urbanisme en Algérie
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Panorama de l'évolution des politiques urbaines et des instruments d'urbanisme en Algérie
Tout au long de cette étude, nous avons évoqué en termes critiques diverses opérations... Ces opérations sont toujours significatives d'un système et d'un mode de production situé dans le lieu, dans le temps et dans l'idéologie...JEAN-JACQUES DELUZ
OBJECTIFS
· identifier les origines et les fondements de la planification urbaine en Algérie ;
· évaluer l'influence de la planification urbaine française, hier et aujourd'hui, sur le système de planification urbaine algérien ;
· montrer les bouleversements des politiques urbaines en Algérie et les aux mutations politiques et socioéconomiques ;
· identifier les tendances actuelles de la planification et de l'aménagement urbains en Algérie
. montrer les aspects positifs de l'évolution actuelle et les difficultés et les des qui s'y opposent.
INTRODUCTION
L'histoire récente de l'urbanisme et de ses instruments politiques et techniques en Algérie est une
histoire aussi heurtée et riche d'enseignement que celle de la gestion du foncier. La complémentarité entre les deux histoires est forte, mais nous avons voulu les présenter séparément pour des besoins de clarté et de pédagogie.
Envisagées dans la longue durée, les politiques urbaines en Algérie sont fortement marquées, aussi bien, par l'héritage colonial et l'évolution universelle de l'urbanisme. En effet, l'Algérie n'a pas échappé aux mutations des instruments d'action sur l'espace urbain, en France et plus globalement à travers le
monde. Ces mutations furent marquées, dans un premier temps, par une perte progressive de l'intérêt pour la qualité esthétique des espaces urbains et pour les détails de leur aménagement, au profit des techniques d'aménagement territorial et de la planification urbaine programmatique et globale. Dans un second temps, les effets négatifs de la production de l'espace urbain, selon ces procédés, et une
conjoncture économique difficile, faisant suite aux années de croissance, enclenchent un retour, plus ou moins explicite et conscient, à des démarches soucieuses de la dimension spatiale, de la rationalité de l'occupation des sols, de la concertation, des compositions de détail, voire à
la notion d'embellissement de l'environnement urbain, qui paraissait, il y a quelques années comme une notion démodée.
Nous aborderons dans ce qui suit : premièrement, les politiques et les instruments d'urbanisme de l'époque coloniale et des trois premières décennies de l'indépendance et, deuxièmement, les réformes du début des années 1990, les difficultés qu'elles rencontrent et leurs prémices.
Panorama de l'évolution des politiques urbaines...
Aux origines des
politiques urbaines en Algérie Bref aperçu des politiques urbaines coloniales
L'urbanisme en Algérie, sous sa forme moderne, est lié, dès les débuts, à la colonisation
française. Une grande partie de nos espaces urbains en est le produit.
L'évolution de l'urbanisme en Algérie a été marquée et continue à l'être par les expériences et les modèles français. C'est pourquoi, il est impossible d'écrire l'histoire de l'urbanisme et des villes en Algérie en ignorant le faitcolonial.
L'urbanisme colonial avant 1919
La colonisation de l'Algérie est marquée par l'introduction du modèle occidental de tracé des villes. Le caractère militaire de la colonisation, pendant tout le 19è siècle a donné au corps du Génie militaire de l'Armée d'Afrique un rôle de premier plan dans l'établissement de plans de villes, non seulement pour les nouvelles villes de fondation, mais aussi pour une ville comme Alger, où les militaires ont gardé un droit de regard sur les affaires de l'urbanisme jusqu'au début du 20è siècle.
Mais, au fur et à mesure que la colonisation prenait un caractère civil, les affaires d'urbanisme et d'extension des villes suivaient le schéma adopté, à l'époque, en France métropolitaine, c'est-à-dire le plan d'alignement et des réserves.
Globalement, avant 1919, l'outil principal régissant le développement des villes était, comme ailleurs, le plan d'alignement et des réserves dressé par une commission des alignements et des réserves ; ce plan se contentait de fixer les alignements et les largeurs des rues nouvelles à ouvrir, les espaces publics,
les réserves de terrains à faire pour les édifices publics et les monuments et enfin les servitudes, particulièrement militaires ou d'espaces verts. Cet outil permettait I'engendrement par étapes de l'espace urbain, sous forme de lotissements successifs.
Cette pratique en vigueur, non seulement en France et dans les pays sous domination
française mais aussi dans tous les pays d'Europe, peut être qualifiée d'urbanisme d'alignement et d'embellissement, qui trouve ses origines et ses fondements dans l'art urbain, mais qui est aussi régi par des règles de caractère général et des prescriptions d'hygiène.
Les débuts de l'urbanisme de plan de 1919 à 1948
On date la naissance de la planification urbaine en France, et dans ses colonies, après la première guerre mondiale avec la loi Cornudet (1919-1924), qui institutionnalise les Plans d'aménagement, d'extension et d'embellissement et introduit une mutation méthodologique importante.
Le plan d'urbanisme s'impose comme le moyen indispensable pour gérer une extension et une croissance urbaines rapides et à grande échelle, et résultant de l'accroissement du commerce, de l'industrie, des échanges et de la population.
La loi sur les Plans d'aménagement, d'embellissement et d'extension est rendue applicable à l'Algérie par le décret du 05 janvier 1922. Alger fut dotée de son plan en 1931; elle fut ainsi l'une des
premières villes de l'Empire français a en avoir. Il faut savoir, à ce sujet, que les
colonies françaises, surtout le Maroc (avec le Maréchal Lyautey), le Moyen-Orient et à un degré beaucoup moindre l'Algérie, ont constitué des Iaboratoires pour les méthodes innovantes de l'urbanisme
de plan. Les principaux protagonistes de l'école française de l'urbanisme de plan (voir le chapitre 1) ont exercé leur savoir-faire dans ces colonies, à l'image de Prost et Danger à Alger, pour l'établissement du plan de la ville.
Les nouvelles méthodes, bien qu'elles ne rompent pas radicalement avec l'art urbain et l'urbanisme d'alignement, notamment sa dimension esthétique et son intérêt pour la composition urbaine et l'embellissement, intègrent un certain nombre de concepts et d'outils nouveaux, comme l'analyse urbaine, le programme, le zonage, les systèmes de transport et de circulation.
Ceci dit, la brièveté de l'expérience (entre-deux-guerres), son attitude modérée vis-à-vis des formes historiques de la ville et l'application boiteuse des plans d'aménagement, d'embellissement et
d'extension, n'ont pas laissé de grandes traces sur la ville algérienne de l'époque et son caractère haussmannien.
Les rues, les îlots, les espaces publics et l'alignement ne furent pas remis en cause.
L'intérêt de cet épisode réside, néanmoins, dans le fait qu'il introduit la planification et le document-plan dans la pratique urbanistique.
L'Algérie n'a pas été à l'écart de cette mutation. Bien au contraire, la planification moderne y a été connue précocement. L'établissement des plans d'aménagement, d'ex-tension et d'embellissement, la
création d'une Région algéroise d'urbanisme, en 1937, et les projets remarquables de Le Corbusier pour Alger et les débats qu'ils ont suscités localement et sur le plan international, témoignent du changement d'échelle et de nature de la planification urbaine, malgré le caractère relativement archaïque de la colonisation à cette époque.
Introduction de la planification moderne
Il faudra attendre l'après deuxième guerre mondiale pour que le plan d'aménagement, d'embellissement et d'extension soit abandonné avec ce qu'il véhiculait encore comme idées désuètes issues de l'art urbain.
L'Algérie garde toutefois son rôle de terre d'innovation en matière de planification
urbaine. Le plan d'urbanisme de 1948, pour Alger, et l'Agence du plan, introduisent une nouvelle échelle des problèmes d'urbanisme et une approche résolument fonctionnaliste basée sur les ratios et les grilles
d'équipements et accordant une place de premier choix à la planification des réseaux, notamment de transport.
Vers la fin des années 1950, de nouveaux instruments réglementaires d'urbanisme sont institués pour répondre aux exigences de la reconstruction et de la modernisation urbaines en France, rendues possible par une croissance démographique et économique importante. Le besoin d'une production massive de l'espace urbain, selon des normes et des règles radicalement nouvel
imposera des instruments qui obéissent au modèle de ville fonctionna liste défini par la Charte d'Athènes; ce modèle de ville a pour principes généraux, le fonctionnalisme, le zonage, le grand ensemble, l'équipement, l'open planning, la table rase et l'architecture clef en main.
Concrètement, ces instruments furent créés en 1958-59, ce qui correspond pour l'Algérie au lancement du plan de Constantine et aux tentatives de rattrapage économique et social pour contrecarrer la Révolution algérienne.
Ces instruments sont :
• le Plan d'urbanisme directeur (P.U.D.) et son corollaire le Programme général. Ils ont un caractère général et permanent (vingt ans). Le P.U.D. aborde l'espace en termes statistiques mettant en relation la structure démographique (nombre de population), la structure économique (équilibre emploi-population, localisation et surfaces à réserver aux activités éconoiniques) et la structure spatiale
(zonage) ;
· les Plans de détail élaborés par les communes, sur la base du P.U.D., pour équiper et organiser les secteurs déjà urbanisés et dont la densification est en cours. Ils sont facilement modifiables et mettant
l'accent sur la réservation des emplacements pour les équipements. Pour les communes rurales, il y avait les Plans d'urbanisme sommaires plus simples ;
· les Plans d'urbanisation ou de restructuration, pour la reconquête des centres des villes et la rénovation des quartiers défectueux ;
le programme d'équipement urbain et le Plan de modernisation et d'équipement (P.M.E.) qui sont plus exactement des budgets pour le finance-ment des programmes d'équipement et de développement économique
• les Programmes d'urbanisme et les Zones à urbaniser par priorité (Z.U.P.), spécifiquement pour la banlieue et les zones périphériques d'extension. Le complément indispensable de la Z.U.P. est la
grille d'équipement - la première fut, en 1959, la grille Dupont du nom du Conseiller technique du Ministre de la Construction. La grille d'équipement établit des normes pour la programmation des équipements, en fonction d'une hiérarchie allant de l'unité de voisinage (800 à 1200 logements) au grand ensemble (10000 logements), en passant par le quartier (2500 à 4000 logements).
Ces instruments ont marqué la fin de la présence coloniale en Algérie et ont continué à avoir une
influence importante sur les instruments d'urbanisme de l'Algérie indépendante.
Globalement, ces instruments ont eu pour effet d'introduire de grands bouleversements morphologiques sur les tissus anciens, produisant les grands ensembles tant vilipendés aujourd'hui, notamment à cause
de leurs conséquences esthétiques et sociales actuelles.
Les politiques urbaines après l'indépendance
Principales tendances de la planification urbaine algérienne après l'indépendance
De 1962 à 1990, la politique nationale en matière d'urbanisme fut marquée par un grand volontarisme de la part de l'État, lequel volontarisme était rendu possible par des moyens financiers suffisants (recettes des hydrocarbures) et à une ligne politique socialiste et autoritaire.
Techniquement aussi, la voie était toute tracée. L'Algérie n'échappe pas, après son indépendance, au mythe du tout planifié, qui marqua l'urbanisme de l'après-guerre jusqu'à la fin des années 1970 et fut caractérisé par la pré-dominance de la fonctionnalité, de la programmation (grilles d'équipements), d'un rythme soutenu de l'urbanisation et de l'importance du développement économique.
Nous avons bien montré que l'Algérie avait été préparée à ces méthodes urbanistiques
par les expériences des dernières années de la colonisation, largement perpétuées après l'indépendance. Ceci dit, au cours des années 1960 et la majeure partie des années 1970, l'intérêt
quasi exclusif pour les activités productives, l'application du Plan de Constantine et l'option des industries
OBJECTIFS
· identifier les origines et les fondements de la planification urbaine en Algérie ;
· évaluer l'influence de la planification urbaine française, hier et aujourd'hui, sur le système de planification urbaine algérien ;
· montrer les bouleversements des politiques urbaines en Algérie et les aux mutations politiques et socioéconomiques ;
· identifier les tendances actuelles de la planification et de l'aménagement urbains en Algérie
. montrer les aspects positifs de l'évolution actuelle et les difficultés et les des qui s'y opposent.
INTRODUCTION
L'histoire récente de l'urbanisme et de ses instruments politiques et techniques en Algérie est une
histoire aussi heurtée et riche d'enseignement que celle de la gestion du foncier. La complémentarité entre les deux histoires est forte, mais nous avons voulu les présenter séparément pour des besoins de clarté et de pédagogie.
Envisagées dans la longue durée, les politiques urbaines en Algérie sont fortement marquées, aussi bien, par l'héritage colonial et l'évolution universelle de l'urbanisme. En effet, l'Algérie n'a pas échappé aux mutations des instruments d'action sur l'espace urbain, en France et plus globalement à travers le
monde. Ces mutations furent marquées, dans un premier temps, par une perte progressive de l'intérêt pour la qualité esthétique des espaces urbains et pour les détails de leur aménagement, au profit des techniques d'aménagement territorial et de la planification urbaine programmatique et globale. Dans un second temps, les effets négatifs de la production de l'espace urbain, selon ces procédés, et une
conjoncture économique difficile, faisant suite aux années de croissance, enclenchent un retour, plus ou moins explicite et conscient, à des démarches soucieuses de la dimension spatiale, de la rationalité de l'occupation des sols, de la concertation, des compositions de détail, voire à
la notion d'embellissement de l'environnement urbain, qui paraissait, il y a quelques années comme une notion démodée.
Nous aborderons dans ce qui suit : premièrement, les politiques et les instruments d'urbanisme de l'époque coloniale et des trois premières décennies de l'indépendance et, deuxièmement, les réformes du début des années 1990, les difficultés qu'elles rencontrent et leurs prémices.
Panorama de l'évolution des politiques urbaines...
Aux origines des
politiques urbaines en Algérie Bref aperçu des politiques urbaines coloniales
L'urbanisme en Algérie, sous sa forme moderne, est lié, dès les débuts, à la colonisation
française. Une grande partie de nos espaces urbains en est le produit.
L'évolution de l'urbanisme en Algérie a été marquée et continue à l'être par les expériences et les modèles français. C'est pourquoi, il est impossible d'écrire l'histoire de l'urbanisme et des villes en Algérie en ignorant le faitcolonial.
L'urbanisme colonial avant 1919
La colonisation de l'Algérie est marquée par l'introduction du modèle occidental de tracé des villes. Le caractère militaire de la colonisation, pendant tout le 19è siècle a donné au corps du Génie militaire de l'Armée d'Afrique un rôle de premier plan dans l'établissement de plans de villes, non seulement pour les nouvelles villes de fondation, mais aussi pour une ville comme Alger, où les militaires ont gardé un droit de regard sur les affaires de l'urbanisme jusqu'au début du 20è siècle.
Mais, au fur et à mesure que la colonisation prenait un caractère civil, les affaires d'urbanisme et d'extension des villes suivaient le schéma adopté, à l'époque, en France métropolitaine, c'est-à-dire le plan d'alignement et des réserves.
Globalement, avant 1919, l'outil principal régissant le développement des villes était, comme ailleurs, le plan d'alignement et des réserves dressé par une commission des alignements et des réserves ; ce plan se contentait de fixer les alignements et les largeurs des rues nouvelles à ouvrir, les espaces publics,
les réserves de terrains à faire pour les édifices publics et les monuments et enfin les servitudes, particulièrement militaires ou d'espaces verts. Cet outil permettait I'engendrement par étapes de l'espace urbain, sous forme de lotissements successifs.
Cette pratique en vigueur, non seulement en France et dans les pays sous domination
française mais aussi dans tous les pays d'Europe, peut être qualifiée d'urbanisme d'alignement et d'embellissement, qui trouve ses origines et ses fondements dans l'art urbain, mais qui est aussi régi par des règles de caractère général et des prescriptions d'hygiène.
Les débuts de l'urbanisme de plan de 1919 à 1948
On date la naissance de la planification urbaine en France, et dans ses colonies, après la première guerre mondiale avec la loi Cornudet (1919-1924), qui institutionnalise les Plans d'aménagement, d'extension et d'embellissement et introduit une mutation méthodologique importante.
Le plan d'urbanisme s'impose comme le moyen indispensable pour gérer une extension et une croissance urbaines rapides et à grande échelle, et résultant de l'accroissement du commerce, de l'industrie, des échanges et de la population.
La loi sur les Plans d'aménagement, d'embellissement et d'extension est rendue applicable à l'Algérie par le décret du 05 janvier 1922. Alger fut dotée de son plan en 1931; elle fut ainsi l'une des
premières villes de l'Empire français a en avoir. Il faut savoir, à ce sujet, que les
colonies françaises, surtout le Maroc (avec le Maréchal Lyautey), le Moyen-Orient et à un degré beaucoup moindre l'Algérie, ont constitué des Iaboratoires pour les méthodes innovantes de l'urbanisme
de plan. Les principaux protagonistes de l'école française de l'urbanisme de plan (voir le chapitre 1) ont exercé leur savoir-faire dans ces colonies, à l'image de Prost et Danger à Alger, pour l'établissement du plan de la ville.
Les nouvelles méthodes, bien qu'elles ne rompent pas radicalement avec l'art urbain et l'urbanisme d'alignement, notamment sa dimension esthétique et son intérêt pour la composition urbaine et l'embellissement, intègrent un certain nombre de concepts et d'outils nouveaux, comme l'analyse urbaine, le programme, le zonage, les systèmes de transport et de circulation.
Ceci dit, la brièveté de l'expérience (entre-deux-guerres), son attitude modérée vis-à-vis des formes historiques de la ville et l'application boiteuse des plans d'aménagement, d'embellissement et
d'extension, n'ont pas laissé de grandes traces sur la ville algérienne de l'époque et son caractère haussmannien.
Les rues, les îlots, les espaces publics et l'alignement ne furent pas remis en cause.
L'intérêt de cet épisode réside, néanmoins, dans le fait qu'il introduit la planification et le document-plan dans la pratique urbanistique.
L'Algérie n'a pas été à l'écart de cette mutation. Bien au contraire, la planification moderne y a été connue précocement. L'établissement des plans d'aménagement, d'ex-tension et d'embellissement, la
création d'une Région algéroise d'urbanisme, en 1937, et les projets remarquables de Le Corbusier pour Alger et les débats qu'ils ont suscités localement et sur le plan international, témoignent du changement d'échelle et de nature de la planification urbaine, malgré le caractère relativement archaïque de la colonisation à cette époque.
Introduction de la planification moderne
Il faudra attendre l'après deuxième guerre mondiale pour que le plan d'aménagement, d'embellissement et d'extension soit abandonné avec ce qu'il véhiculait encore comme idées désuètes issues de l'art urbain.
L'Algérie garde toutefois son rôle de terre d'innovation en matière de planification
urbaine. Le plan d'urbanisme de 1948, pour Alger, et l'Agence du plan, introduisent une nouvelle échelle des problèmes d'urbanisme et une approche résolument fonctionnaliste basée sur les ratios et les grilles
d'équipements et accordant une place de premier choix à la planification des réseaux, notamment de transport.
Vers la fin des années 1950, de nouveaux instruments réglementaires d'urbanisme sont institués pour répondre aux exigences de la reconstruction et de la modernisation urbaines en France, rendues possible par une croissance démographique et économique importante. Le besoin d'une production massive de l'espace urbain, selon des normes et des règles radicalement nouvel
imposera des instruments qui obéissent au modèle de ville fonctionna liste défini par la Charte d'Athènes; ce modèle de ville a pour principes généraux, le fonctionnalisme, le zonage, le grand ensemble, l'équipement, l'open planning, la table rase et l'architecture clef en main.
Concrètement, ces instruments furent créés en 1958-59, ce qui correspond pour l'Algérie au lancement du plan de Constantine et aux tentatives de rattrapage économique et social pour contrecarrer la Révolution algérienne.
Ces instruments sont :
• le Plan d'urbanisme directeur (P.U.D.) et son corollaire le Programme général. Ils ont un caractère général et permanent (vingt ans). Le P.U.D. aborde l'espace en termes statistiques mettant en relation la structure démographique (nombre de population), la structure économique (équilibre emploi-population, localisation et surfaces à réserver aux activités éconoiniques) et la structure spatiale
(zonage) ;
· les Plans de détail élaborés par les communes, sur la base du P.U.D., pour équiper et organiser les secteurs déjà urbanisés et dont la densification est en cours. Ils sont facilement modifiables et mettant
l'accent sur la réservation des emplacements pour les équipements. Pour les communes rurales, il y avait les Plans d'urbanisme sommaires plus simples ;
· les Plans d'urbanisation ou de restructuration, pour la reconquête des centres des villes et la rénovation des quartiers défectueux ;
le programme d'équipement urbain et le Plan de modernisation et d'équipement (P.M.E.) qui sont plus exactement des budgets pour le finance-ment des programmes d'équipement et de développement économique
• les Programmes d'urbanisme et les Zones à urbaniser par priorité (Z.U.P.), spécifiquement pour la banlieue et les zones périphériques d'extension. Le complément indispensable de la Z.U.P. est la
grille d'équipement - la première fut, en 1959, la grille Dupont du nom du Conseiller technique du Ministre de la Construction. La grille d'équipement établit des normes pour la programmation des équipements, en fonction d'une hiérarchie allant de l'unité de voisinage (800 à 1200 logements) au grand ensemble (10000 logements), en passant par le quartier (2500 à 4000 logements).
Ces instruments ont marqué la fin de la présence coloniale en Algérie et ont continué à avoir une
influence importante sur les instruments d'urbanisme de l'Algérie indépendante.
Globalement, ces instruments ont eu pour effet d'introduire de grands bouleversements morphologiques sur les tissus anciens, produisant les grands ensembles tant vilipendés aujourd'hui, notamment à cause
de leurs conséquences esthétiques et sociales actuelles.
Les politiques urbaines après l'indépendance
Principales tendances de la planification urbaine algérienne après l'indépendance
De 1962 à 1990, la politique nationale en matière d'urbanisme fut marquée par un grand volontarisme de la part de l'État, lequel volontarisme était rendu possible par des moyens financiers suffisants (recettes des hydrocarbures) et à une ligne politique socialiste et autoritaire.
Techniquement aussi, la voie était toute tracée. L'Algérie n'échappe pas, après son indépendance, au mythe du tout planifié, qui marqua l'urbanisme de l'après-guerre jusqu'à la fin des années 1970 et fut caractérisé par la pré-dominance de la fonctionnalité, de la programmation (grilles d'équipements), d'un rythme soutenu de l'urbanisation et de l'importance du développement économique.
Nous avons bien montré que l'Algérie avait été préparée à ces méthodes urbanistiques
par les expériences des dernières années de la colonisation, largement perpétuées après l'indépendance. Ceci dit, au cours des années 1960 et la majeure partie des années 1970, l'intérêt
quasi exclusif pour les activités productives, l'application du Plan de Constantine et l'option des industries
Re: Panorama de l'évolution des politiques urbaines et des instruments d'urbanisme en Algérie
industrialisantes qui l'inspire ont eu des retombées directes et radicales sur l'aménagement de l'espace national, particulièrement les parties du territoire appelées à accueillir les activités de production massive (hydrocarbures, sidérurgie, indus trie mécanique lourde...), sans qu'en contre partie la ville algérienne se développe sur le plan qualitatif et quantitatif (production faible de l'habitat urbain).
Les villes étaient appelées à assumer des activités industrielles importantes et à drainer une forte population rurale, mais leur aménagement n'a pas été considéré comme une priorité. C'est là, à notre sens, que se situent, en partie, les dysfonctionnements et les retards de la ville algérienne en termes de qua lité des espaces urbains et de difficulté à satisfaire la demande en logements et en
équipements.
La planification urbaine algérienne des deux premières décennies de l'indépendance était, en fait, une planification tout court et non pas une planification spatiale et urbaine. Elle était
caractérisée, d'une part, par des efforts d'investissement productif importants et, d'autre part, par une approche sectorielle de la planification.
• L'investissement productif : Dans un premier temps, le pays connaît une polarisation de l'activité
productive. Les premiers plans de développement (1er plan triennal et 1er plan quadriennal institués,
respectivement, en 1967 et en 1970) ont instauré une polarisation des investissements à caractère industriel et économique ; cette polarisation était à l'origine d'une urbanisation concentrée à outrance, tant dirigée que spontanée, de certains centres urbains, particulièrement côtiers, favorisés par
l'histoire coloniale et la situation dans le système productif et d'échanges (terminaux des infrastructures de transport des hydrocarbures). Dans un second temps, les effets de cette politique furent ressentis, dès le milieu des années 1970, et un rééquilibrage spatial des investissements économique fut préconisé par la charte nationale (1975) le 2émeplan quadriennal (1974) et
le fer plan quinquennal (1980). Ce sont en fait les villes de l'intérieur qui vont connaître les rythmes de croissance les plus soutenus - relativement à leur situation antérieure. La promotion administrative de nombre d'entre-elles et les options dites des Hauts Plateaux, de décentralisation et d'équilibre
régional ont conduit au développement fulgurant d'anciens centres administratifs coloniaux, comme Batna, Sétif, Tiaret, Médéa, Bouira...
Il est bien évident que cette urbanisation rapide du territoire allait engendrer des problèmes de
gestion insurmontables pour des centres non préparés, ni sur le plan quantitatif, ni sur le plan qualitatif, ni sur le plan des équipements et des infrastructures. A cela, s'ajoutent les problèmes de croissance, malgré tout, des villes littorales et des centres anciens relativement délaissés.
Ainsi, la polarisation des activités productives fut complétée et relativisée par une diffusion des programmes d'investissement. Cette diffusion des programmes d'investissement à travers tout le pays, malgré ses effets négatifs inéluctables sur l'espace urbain en l'absence d'une réelle politique
D’aménagement urbain, eut le mérite de préserver, dans une certaine mesures l'équilibre de l'armature urbaine algérienne, exception faite du poids écrasant d'Alger pour le bassin centre du pays.
• L'approche sectorielle de la planification :
Dans une large mesure les programmes d'investissement et d'équipement étaient régis par les différents secteurs ministériels. L'existence d'un Secrétariat d'Etat au Plan ne changeait rien à cet état des
choses. Chaque secteur d'activité (ministère) appliquait empiriquement son propre programme d'actions et le transcrivait sur l'espace sans réelle coordination avec les autres secteurs d'activité, avec les incohérences fonctionnelles et spatiales que cela implique. Cette situation était accentuée par l'absence des instruments d'urbanisme (P.U.D.) et, s'ils existaient, par leur faible contenu spatial et leur faiblesse juridique (non opposabilité aux tiers).
Les principaux secteurs qui ont façonné l'espace algérien au cours de cette époque et qui ont été les vrais acteurs de la planification spatiale sont :
• l'industrie et les infrastructures : le tout puissant ministère de l'industrie a concentré des investissements massifs qui avaient besoin de grandes implantations. Mais la politique d'industrialisation n'a pu constituer un substrat économique suffisant pour une urbanisation fortement alimentée par l'exode rural ; le sous-emploi, même dans les centres urbains qui accueillaient les grands investissements et attiraient une forte population rurale, restait un des grands problèmes et une
des sources de tension de la ville algérienne, ceci, malgré les discours d'une politique d'industrialisation qui créait peu d'emplois et des emplois adaptés de surcroît aux pays à potentiel technologique. On connaît aujourd'hui les conséquences de ce choix stratégique.
En liaison avec la politique d'industrialisation, les grandes infrastructures ont connu un relatif développement (amélioration du réseau routier secondaire, route dite de l'unité africaine,
aéroports, électrification...). Toutefois, dans le domaine des transports, notamment en ce qui concerne le chemin de fer et le réseau autoroutier, des retards ont été accumulés ;
· la santé et l'éducation : ce couple a accueilli des investissements importants comme l'exigeaient les options de développement du pouvoir en place. La préoccupation majeure était celle de la répartition
équilibrée des équipements de santé et d'éducation (carte de santé, carte scolaire, carte universitaire,
etc.) ;
· l'habitat : c'est là que se situe le nœud du problème. Après un retard considérable dans la production de l'habitat urbain, l'Etat s'est chargé, à partir de la deuxième moitié des années 1971), de la quasi totalité des pro grammes de logements, sous forme de grands ensembles ou de lotissements d'auto-construction. Cette approche exclusivement programmatique du problème du logement et la négation de l'existence d'un secteur non-planifié, ne pouvait satisfaire les besoins d'une population urbaine croissante. De surcroît, la démarche sectorielle de la question de l'habitat - comme des autres questions d'ailleurs - engendrait des espaces de vie désarticulés, mal équipés et constituant de véritables chantiers permanents à l'intérieur des villes.
Les investissements et les programmes massifs dans tous ces secteurs posaient- il ne pouvait en être autrement - des problèmes d'adaptation aux sites et aux besoins réels des populations, étaient
constamment rattrapés par la démographie et les fluctuations des revenus de l'Etat, et donnaient lieu l des arbitrages pour le choix des implantations, souvent guidés par des impératifs politiques et pas toujours rationnels. C'est à ce niveau que se situe le paradoxe algérien d'une prétendue maîtrise foncière totale, par le biais des réserves foncières communales, et une urbanisation consommant les sols urbains d'une manière, à la fois, irrationnelle et non économe.
Par ailleurs, dans ce système de planification, les compétences techniques (architectes, urbanistes, aménageurs...) étaient forcément marginalisées.
Blocages du "tout planifié"
Polarisation, diffusion des investissements et politiques programmatiques sectorielles étaient les fondements d'une démarche centralisée qui rendait opaque un processus de décision, qui de toute façon ne tenait pas compte de l'économie des sols, de la qualité de l'espace et de ses particularités locales.
La centralisation du système de planification algérien, de 1962 à la fin des années 1980, présente des
défaillances dont l'exposé va nous permettre
d'entrevoir les conséquences en termes de délaissement des échelles mineures, du souci du détail, de la qualité des espaces urbains et de l'environnement ; citons parmi ces défaillances :
• le problème institutionnel : il consistait en une concentration sclérosante de toutes les tâches de développement aux mains de l'Etat et de ses organismes. Le cas du logement est le plus frappant à ce sujet. Au lieu de résorber les déficits, la démarche adoptée ne faisait que les aggraver, en limitant les alternatives pour les citoyens de réaliser leur logement ; ceci dit, ceux-ci le réalisaient, quand ils le pouvaient, hors des normes et des circuits officiels. A ce problème
institutionnel venait se greffer un problème budgétaire qui se traduisait par une gestion centralisée et bureaucratique du budget de l'Etat. Les conséquences spatiales en étaient le dessin Bureaucratique
des programmes sur le sol et ce qui en résultait comme rattrapages continuels des anomalies provoquées par une telle gestion ; et plus profondément, sur le plan économique des difficultés chroniques pour le budget de l'Etat.
• le problème foncier et urbanistique :
l'abolition de la contrainte foncière pour la localisation des investissements et la réalisation des extensions urbaines, l'absence de la donnée du terrain dans le travail de planification et l'absence d'un
véritable plan d'urbanisme ont eu pour conséquence la création d'extensions urbaines périphériques démesurées avec leur lots de nouveaux problèmes qualitatifs et quantitatifs, qui venaient s'ajouter à ceux des quartiers centraux et des centres anciens délaissés.
• le problème technique :
en effet, l'application d'une trame de nature bureaucratique pour la programmation et la réalisation des investissements en termes de coûts, de typologies, de mode d'occupation du sol, de matériaux et de techniques de construction, impliquait des problèmes importants d'adaptation aux situations
urbanistiques concrètes. Par ailleurs, la confusion des compétences et l'instrumentation des techniciens
faisaient de la ville algérienne un champ idéal pour l'arbitraire.
Malgré ce récit critique, le bilan de la planification algérienne naissante présente un aspect positif
majeur. La ville algérienne a connu, en peu de temps et en dépit des difficultés de gestion et des contradictions engendrées, des transformations profondes dans le sens d'une
modernisation indiscutable, commencée déjà sous la colonisation française, sur le plan des réseaux, du logement de masse et de l'expansion des villes selon des modèles urbains novateurs
pour les niveaux de développement et les aires géographiques
comparables, c'est ainsi que de nombreuses villes moyennes ont vu leur taille doubler en quelques années, grâce à des opérations d'habitat de masse (Zones d'habitat urbain nouvelles).
Instruments du "tout planifié"
Jusqu'au début des années 1970, les autorités ont géré la situation léguée par la colonisation. Il a fallu attendre que la politique de développeraient de type socialiste atteigne sa vitesse de croisière pour voir s'instaurer de
nouveaux instruments qui sont, toutefois, largement inspirés de ceux de la période coloniale. Ces instruments d'urbanisme, en vigueur jusqu'à la fin des années 1980, constituaient un arsenal juridique
et méthodologique adapté et séduisant pour la planification totale et sectorielle, telle que évoquée ci-dessus, et venaient compléter la maîtrise foncière totale par les réserves foncières communales.
• Le plan d'urbanisme directeur (P.U.I).) :
L'instrument de programmation spatiale est le Plan d'urbanisme directeur (P.U.D.), qui s'inscrit dans la droite ligne du P.U.D. français. Son caractère est tout aussi programmatique et général et il tient peu compte la spécificité locale. La lenteur des études et l'arbitraire des décisions sectorielles imprévues
ont fait en sorte que le P.U.D. n'a jamais pu accompagner le rythme de l'urbanisation et de la planification sectorielle.
Le P.U.D. s'appliquait à la commune. Depuis 1975, il est fait obligation aux communes non dotées de
P.U.D., et dans l'attente de son établissement, d'arrêter un périmètre provisoire d'urbanisation, avec l'assistance d'un Comité technique, et dont les règles sont plus sommaires (surfaces et réservation de terrains).
Concernant le P.U.D., la notion d'inter-communauté n'apparaît pas encore, bien qu'il s'agisse
essentiellement de programmes économiques et d'habitat dont l'impact dépasse le cadre communal. L'exception qui confirme la règle est le cas de l'agglomération algéroise avec le Comité d'étude de l'aménagement et du développement de l'agglomération algéroise (C.O.M.E.D.O.R.) (1970-1975) et son Plan d'orientation générale (P.O.G.).
Le P,U.D. établit, pour une période de 10 à 15 ans, une corrélation entre les besoins démographiques et socioéconomiques et l'occupation du sol, selon les activités principales de la ville : industrielle, résidentielle, services et réseaux. En réalité, le P.U.D. est l'instrument de spatialisation, mais les
programmes de développement et d'investissement et leur enveloppe
budgétaire, à court terme, étaient définis, depuis 1974, dans le cadre :
• des Plans de modernisation urbaine (P.M.U.), pour les villes d'une certaine importance ou à développement rapide, et dont on peut voir l'origine dans le Plan de modernisation d'équipement (P.M.E.) institué en France à la fin des années 1950 ;
• et des Plans communaux de développement (P.C.D.), pour les villes de moindre
importance.
Ce doublage de l'instrument P.U.D., qui est censé être un instrument spatial, par des plans qui ne sont, en réalité, que des budgets et des programmes d'investissement, est révélateur de la démarche et des priorités de la planification urbaine algérienne de l'époque.
Ceci dit, le P.U.D. présentait, en tant qu'instrument d'urbanisme, des limites intrinsèques, en relation avec les démarches de son élaboration : il est un acte purement administratif et technique où les seuls acteurs sont les pouvoirs publics (commune, danîa, wilaya, services ministériels, organismes publics...). C'est la commune ou l'A.P.C. qui approuve le P.U.D,qui est établi par un bureau d'étude disposant d'un monopole excluant toute concurrence : bureaux d'études étrangers, E.T.A.U. (Bureau
d'étude des travaux publics, d’architecture et d'urbanisme), C.A.D.A.T. (Caisse algérienne d'aménagement du territoire, le C.O.M.E.D.O.R. pour Alger, et enfin le C.N.E.R.U. (Centre d'études et de réalisation en urbanisme et l'A.N.A.T. (Agence nationale pour l'aménagement du territoire à partir de 1980). Sous le contrôle étroit du wali et de la Direction de l'urbanisme, de la construction et de l'habitat (D.U.C.H.), une enquête publique sommaire est effectuée. L'approbation finale revient au Ministère de l'urbanisme, de l'habitat et de la
construction.
Au circuit d'élaboration essentiellement public et administratif et à l'absence de réelle
concurrence technique, s'ajoute la non opposabilité aux tiers, qui "autorise" la transgression des dispositions du P.U.D., aussi bien, par les organismes publics que par les circuits d'urbanisation informelle difficilement contrôlables.
La méthodologie d'élaboration du P.U.D. est en elle même simplificatrice de la nature et de la dynamique de l'espace urbain, puisqu'elle repose sur quatre phases linéaires :
la première phase fixe les objectifs de population et d'emploi et les capacités de l'aire d'étude ; la deuxième définit les hypothèses d'urbanisation à la lumière de la première phase ; la troisième est
une concertation avec les autorités compétentes (concertation exclusive) pour l'adoption d'une
hypothèse ; la quatrième est une mise au point de l'hypothèse choisie pour en faire un instrument d'urbanisme précis.
• La Zone d'habitat urbain nouvelle (Z.H.U.N.) :
En plus des programmes de développement (P.M.U. et P.C.D.), la mise entre parenthèses du P.U.D. était rendue plus criante par l'établissement d'instruments d'urbanisme opérationnel et de détail, pour des zones spécifiques : Zone d'habitat urbain nouvelle (Z.H.U.N.) et Zone industrielle (Z.I.). Nous insisterons, dans ce qui suit, sur l'instrument qui a engendré l'espace de vie d'une grande
partie des citoyens algériens, c'est-à-dire la Z.H.U.N.
La Z.H.U.N. n'est pas réellement un instrument d'urbanisme, c'est plutôt une procédure technique et administrative, impliquant le Ministère de l'habitat ou les collectivités locales, comme maîtres d'ouvrage, un bureau d'étude étatique (C.A.D.A.T.), comme maître d'œuvre et des entreprises de réalisation.
Instituée par une simple circulaire ministérielle (n° 00 355/PU. 2/75, du 19-02-1975), ce qui est
révélateur en soi, pour rattraper le retard en matière d'habitat urbain et d'équipement des villes, l'objectif de la Z.H.U.N. est la réalisation de logements collectifs et de leurs équipements et services,
rapidement, sur des assiettes foncières importantes et selon des procédés constructifs industriels.
La Z.H.U.N. remplaçait un instrument français qui est la zone à urbaniser par priorité (Z.U.P.)
(1958). Comme la Z.U.P., la Z.H.U.N. était destinée aux banlieues et aux périphéries et était l'outil d'extension urbaine à plus ou
moins grande échelle - elle était généralement utilisée au-delà de 400 logements.
Ceci en fit le seul véritable moteur de l'urbanisation en Algérie, avec les réserves foncières communales. L'ampleur de l'urbanisation algérienne planifiée n'aurait pu être possible sans cette procédure. La taille de certaines petites et moyennes villes a doublé et les grandes villes ont connu une expansion inédite. En général, et malgré les difficultés de réalisation, le niveau d'équipement des villes algériennes fut amélioré. Mais, du point de vue qualitatif, l'espace urbain produit est décevant tant sur le plan de la dégradation rapide des immeubles, de la pauvreté du langage architectural, de la sous-utilisation des espaces extérieurs, du sous-équipement, de la rupture avec le reste de la commune et notamment le centre ville, du cadre social (surpeuplement des logements, délinquance, insécurité), du cadre économique (sous-emploi, déficit en transports...) et enfin du cadre environnemental (réseaux défectueux, espaces verts inexistants).
Pour conclure, on peut dire qu'avant les années 1990, l'urbanisation en Algérie se faisait à coup de programmes économiques et d'habitat et non sur la base de plans d'urbanisme tenant compte
de la dimension spatiale, de l'utilisation rationnelle des sols urbains et de l'échelle mineure. Cet état des choses qui privilégie forcément l'expansion urbaine démesurée s'est répercuté notamment sur les centres urbains qui ne disposaient d'aucun instrument d'intervention spécifique. Sans législation suffisante et sans politique volontaire, l'urbanisme relatif aux tissus anciens et aux centres des villes étai( délaissé. Le délaissement du centre pour la périphérie - aurait-on pu faire autrement - qui
caractérisa l'urbanisation algérienne a eu des conséquences négatives qu'on peut observer aujourd'hui
aisément, malgré la satisfaction d'une partie de la demande : un gaspillage des
terres agricoles et du foncier urbain et péri urbain en général ; des déséquilibres régionaux persistants ; des déséquilibres entre les centres anciens et les nouvelles cités d'habitation ; la désintégration systématique des espaces d'urbanité qui sont dédifférenciés et monotones ; les difficultés de gestion
et l'insuffisance des infrastructures et des équipements.
Les villes étaient appelées à assumer des activités industrielles importantes et à drainer une forte population rurale, mais leur aménagement n'a pas été considéré comme une priorité. C'est là, à notre sens, que se situent, en partie, les dysfonctionnements et les retards de la ville algérienne en termes de qua lité des espaces urbains et de difficulté à satisfaire la demande en logements et en
équipements.
La planification urbaine algérienne des deux premières décennies de l'indépendance était, en fait, une planification tout court et non pas une planification spatiale et urbaine. Elle était
caractérisée, d'une part, par des efforts d'investissement productif importants et, d'autre part, par une approche sectorielle de la planification.
• L'investissement productif : Dans un premier temps, le pays connaît une polarisation de l'activité
productive. Les premiers plans de développement (1er plan triennal et 1er plan quadriennal institués,
respectivement, en 1967 et en 1970) ont instauré une polarisation des investissements à caractère industriel et économique ; cette polarisation était à l'origine d'une urbanisation concentrée à outrance, tant dirigée que spontanée, de certains centres urbains, particulièrement côtiers, favorisés par
l'histoire coloniale et la situation dans le système productif et d'échanges (terminaux des infrastructures de transport des hydrocarbures). Dans un second temps, les effets de cette politique furent ressentis, dès le milieu des années 1970, et un rééquilibrage spatial des investissements économique fut préconisé par la charte nationale (1975) le 2émeplan quadriennal (1974) et
le fer plan quinquennal (1980). Ce sont en fait les villes de l'intérieur qui vont connaître les rythmes de croissance les plus soutenus - relativement à leur situation antérieure. La promotion administrative de nombre d'entre-elles et les options dites des Hauts Plateaux, de décentralisation et d'équilibre
régional ont conduit au développement fulgurant d'anciens centres administratifs coloniaux, comme Batna, Sétif, Tiaret, Médéa, Bouira...
Il est bien évident que cette urbanisation rapide du territoire allait engendrer des problèmes de
gestion insurmontables pour des centres non préparés, ni sur le plan quantitatif, ni sur le plan qualitatif, ni sur le plan des équipements et des infrastructures. A cela, s'ajoutent les problèmes de croissance, malgré tout, des villes littorales et des centres anciens relativement délaissés.
Ainsi, la polarisation des activités productives fut complétée et relativisée par une diffusion des programmes d'investissement. Cette diffusion des programmes d'investissement à travers tout le pays, malgré ses effets négatifs inéluctables sur l'espace urbain en l'absence d'une réelle politique
D’aménagement urbain, eut le mérite de préserver, dans une certaine mesures l'équilibre de l'armature urbaine algérienne, exception faite du poids écrasant d'Alger pour le bassin centre du pays.
• L'approche sectorielle de la planification :
Dans une large mesure les programmes d'investissement et d'équipement étaient régis par les différents secteurs ministériels. L'existence d'un Secrétariat d'Etat au Plan ne changeait rien à cet état des
choses. Chaque secteur d'activité (ministère) appliquait empiriquement son propre programme d'actions et le transcrivait sur l'espace sans réelle coordination avec les autres secteurs d'activité, avec les incohérences fonctionnelles et spatiales que cela implique. Cette situation était accentuée par l'absence des instruments d'urbanisme (P.U.D.) et, s'ils existaient, par leur faible contenu spatial et leur faiblesse juridique (non opposabilité aux tiers).
Les principaux secteurs qui ont façonné l'espace algérien au cours de cette époque et qui ont été les vrais acteurs de la planification spatiale sont :
• l'industrie et les infrastructures : le tout puissant ministère de l'industrie a concentré des investissements massifs qui avaient besoin de grandes implantations. Mais la politique d'industrialisation n'a pu constituer un substrat économique suffisant pour une urbanisation fortement alimentée par l'exode rural ; le sous-emploi, même dans les centres urbains qui accueillaient les grands investissements et attiraient une forte population rurale, restait un des grands problèmes et une
des sources de tension de la ville algérienne, ceci, malgré les discours d'une politique d'industrialisation qui créait peu d'emplois et des emplois adaptés de surcroît aux pays à potentiel technologique. On connaît aujourd'hui les conséquences de ce choix stratégique.
En liaison avec la politique d'industrialisation, les grandes infrastructures ont connu un relatif développement (amélioration du réseau routier secondaire, route dite de l'unité africaine,
aéroports, électrification...). Toutefois, dans le domaine des transports, notamment en ce qui concerne le chemin de fer et le réseau autoroutier, des retards ont été accumulés ;
· la santé et l'éducation : ce couple a accueilli des investissements importants comme l'exigeaient les options de développement du pouvoir en place. La préoccupation majeure était celle de la répartition
équilibrée des équipements de santé et d'éducation (carte de santé, carte scolaire, carte universitaire,
etc.) ;
· l'habitat : c'est là que se situe le nœud du problème. Après un retard considérable dans la production de l'habitat urbain, l'Etat s'est chargé, à partir de la deuxième moitié des années 1971), de la quasi totalité des pro grammes de logements, sous forme de grands ensembles ou de lotissements d'auto-construction. Cette approche exclusivement programmatique du problème du logement et la négation de l'existence d'un secteur non-planifié, ne pouvait satisfaire les besoins d'une population urbaine croissante. De surcroît, la démarche sectorielle de la question de l'habitat - comme des autres questions d'ailleurs - engendrait des espaces de vie désarticulés, mal équipés et constituant de véritables chantiers permanents à l'intérieur des villes.
Les investissements et les programmes massifs dans tous ces secteurs posaient- il ne pouvait en être autrement - des problèmes d'adaptation aux sites et aux besoins réels des populations, étaient
constamment rattrapés par la démographie et les fluctuations des revenus de l'Etat, et donnaient lieu l des arbitrages pour le choix des implantations, souvent guidés par des impératifs politiques et pas toujours rationnels. C'est à ce niveau que se situe le paradoxe algérien d'une prétendue maîtrise foncière totale, par le biais des réserves foncières communales, et une urbanisation consommant les sols urbains d'une manière, à la fois, irrationnelle et non économe.
Par ailleurs, dans ce système de planification, les compétences techniques (architectes, urbanistes, aménageurs...) étaient forcément marginalisées.
Blocages du "tout planifié"
Polarisation, diffusion des investissements et politiques programmatiques sectorielles étaient les fondements d'une démarche centralisée qui rendait opaque un processus de décision, qui de toute façon ne tenait pas compte de l'économie des sols, de la qualité de l'espace et de ses particularités locales.
La centralisation du système de planification algérien, de 1962 à la fin des années 1980, présente des
défaillances dont l'exposé va nous permettre
d'entrevoir les conséquences en termes de délaissement des échelles mineures, du souci du détail, de la qualité des espaces urbains et de l'environnement ; citons parmi ces défaillances :
• le problème institutionnel : il consistait en une concentration sclérosante de toutes les tâches de développement aux mains de l'Etat et de ses organismes. Le cas du logement est le plus frappant à ce sujet. Au lieu de résorber les déficits, la démarche adoptée ne faisait que les aggraver, en limitant les alternatives pour les citoyens de réaliser leur logement ; ceci dit, ceux-ci le réalisaient, quand ils le pouvaient, hors des normes et des circuits officiels. A ce problème
institutionnel venait se greffer un problème budgétaire qui se traduisait par une gestion centralisée et bureaucratique du budget de l'Etat. Les conséquences spatiales en étaient le dessin Bureaucratique
des programmes sur le sol et ce qui en résultait comme rattrapages continuels des anomalies provoquées par une telle gestion ; et plus profondément, sur le plan économique des difficultés chroniques pour le budget de l'Etat.
• le problème foncier et urbanistique :
l'abolition de la contrainte foncière pour la localisation des investissements et la réalisation des extensions urbaines, l'absence de la donnée du terrain dans le travail de planification et l'absence d'un
véritable plan d'urbanisme ont eu pour conséquence la création d'extensions urbaines périphériques démesurées avec leur lots de nouveaux problèmes qualitatifs et quantitatifs, qui venaient s'ajouter à ceux des quartiers centraux et des centres anciens délaissés.
• le problème technique :
en effet, l'application d'une trame de nature bureaucratique pour la programmation et la réalisation des investissements en termes de coûts, de typologies, de mode d'occupation du sol, de matériaux et de techniques de construction, impliquait des problèmes importants d'adaptation aux situations
urbanistiques concrètes. Par ailleurs, la confusion des compétences et l'instrumentation des techniciens
faisaient de la ville algérienne un champ idéal pour l'arbitraire.
Malgré ce récit critique, le bilan de la planification algérienne naissante présente un aspect positif
majeur. La ville algérienne a connu, en peu de temps et en dépit des difficultés de gestion et des contradictions engendrées, des transformations profondes dans le sens d'une
modernisation indiscutable, commencée déjà sous la colonisation française, sur le plan des réseaux, du logement de masse et de l'expansion des villes selon des modèles urbains novateurs
pour les niveaux de développement et les aires géographiques
comparables, c'est ainsi que de nombreuses villes moyennes ont vu leur taille doubler en quelques années, grâce à des opérations d'habitat de masse (Zones d'habitat urbain nouvelles).
Instruments du "tout planifié"
Jusqu'au début des années 1970, les autorités ont géré la situation léguée par la colonisation. Il a fallu attendre que la politique de développeraient de type socialiste atteigne sa vitesse de croisière pour voir s'instaurer de
nouveaux instruments qui sont, toutefois, largement inspirés de ceux de la période coloniale. Ces instruments d'urbanisme, en vigueur jusqu'à la fin des années 1980, constituaient un arsenal juridique
et méthodologique adapté et séduisant pour la planification totale et sectorielle, telle que évoquée ci-dessus, et venaient compléter la maîtrise foncière totale par les réserves foncières communales.
• Le plan d'urbanisme directeur (P.U.I).) :
L'instrument de programmation spatiale est le Plan d'urbanisme directeur (P.U.D.), qui s'inscrit dans la droite ligne du P.U.D. français. Son caractère est tout aussi programmatique et général et il tient peu compte la spécificité locale. La lenteur des études et l'arbitraire des décisions sectorielles imprévues
ont fait en sorte que le P.U.D. n'a jamais pu accompagner le rythme de l'urbanisation et de la planification sectorielle.
Le P.U.D. s'appliquait à la commune. Depuis 1975, il est fait obligation aux communes non dotées de
P.U.D., et dans l'attente de son établissement, d'arrêter un périmètre provisoire d'urbanisation, avec l'assistance d'un Comité technique, et dont les règles sont plus sommaires (surfaces et réservation de terrains).
Concernant le P.U.D., la notion d'inter-communauté n'apparaît pas encore, bien qu'il s'agisse
essentiellement de programmes économiques et d'habitat dont l'impact dépasse le cadre communal. L'exception qui confirme la règle est le cas de l'agglomération algéroise avec le Comité d'étude de l'aménagement et du développement de l'agglomération algéroise (C.O.M.E.D.O.R.) (1970-1975) et son Plan d'orientation générale (P.O.G.).
Le P,U.D. établit, pour une période de 10 à 15 ans, une corrélation entre les besoins démographiques et socioéconomiques et l'occupation du sol, selon les activités principales de la ville : industrielle, résidentielle, services et réseaux. En réalité, le P.U.D. est l'instrument de spatialisation, mais les
programmes de développement et d'investissement et leur enveloppe
budgétaire, à court terme, étaient définis, depuis 1974, dans le cadre :
• des Plans de modernisation urbaine (P.M.U.), pour les villes d'une certaine importance ou à développement rapide, et dont on peut voir l'origine dans le Plan de modernisation d'équipement (P.M.E.) institué en France à la fin des années 1950 ;
• et des Plans communaux de développement (P.C.D.), pour les villes de moindre
importance.
Ce doublage de l'instrument P.U.D., qui est censé être un instrument spatial, par des plans qui ne sont, en réalité, que des budgets et des programmes d'investissement, est révélateur de la démarche et des priorités de la planification urbaine algérienne de l'époque.
Ceci dit, le P.U.D. présentait, en tant qu'instrument d'urbanisme, des limites intrinsèques, en relation avec les démarches de son élaboration : il est un acte purement administratif et technique où les seuls acteurs sont les pouvoirs publics (commune, danîa, wilaya, services ministériels, organismes publics...). C'est la commune ou l'A.P.C. qui approuve le P.U.D,qui est établi par un bureau d'étude disposant d'un monopole excluant toute concurrence : bureaux d'études étrangers, E.T.A.U. (Bureau
d'étude des travaux publics, d’architecture et d'urbanisme), C.A.D.A.T. (Caisse algérienne d'aménagement du territoire, le C.O.M.E.D.O.R. pour Alger, et enfin le C.N.E.R.U. (Centre d'études et de réalisation en urbanisme et l'A.N.A.T. (Agence nationale pour l'aménagement du territoire à partir de 1980). Sous le contrôle étroit du wali et de la Direction de l'urbanisme, de la construction et de l'habitat (D.U.C.H.), une enquête publique sommaire est effectuée. L'approbation finale revient au Ministère de l'urbanisme, de l'habitat et de la
construction.
Au circuit d'élaboration essentiellement public et administratif et à l'absence de réelle
concurrence technique, s'ajoute la non opposabilité aux tiers, qui "autorise" la transgression des dispositions du P.U.D., aussi bien, par les organismes publics que par les circuits d'urbanisation informelle difficilement contrôlables.
La méthodologie d'élaboration du P.U.D. est en elle même simplificatrice de la nature et de la dynamique de l'espace urbain, puisqu'elle repose sur quatre phases linéaires :
la première phase fixe les objectifs de population et d'emploi et les capacités de l'aire d'étude ; la deuxième définit les hypothèses d'urbanisation à la lumière de la première phase ; la troisième est
une concertation avec les autorités compétentes (concertation exclusive) pour l'adoption d'une
hypothèse ; la quatrième est une mise au point de l'hypothèse choisie pour en faire un instrument d'urbanisme précis.
• La Zone d'habitat urbain nouvelle (Z.H.U.N.) :
En plus des programmes de développement (P.M.U. et P.C.D.), la mise entre parenthèses du P.U.D. était rendue plus criante par l'établissement d'instruments d'urbanisme opérationnel et de détail, pour des zones spécifiques : Zone d'habitat urbain nouvelle (Z.H.U.N.) et Zone industrielle (Z.I.). Nous insisterons, dans ce qui suit, sur l'instrument qui a engendré l'espace de vie d'une grande
partie des citoyens algériens, c'est-à-dire la Z.H.U.N.
La Z.H.U.N. n'est pas réellement un instrument d'urbanisme, c'est plutôt une procédure technique et administrative, impliquant le Ministère de l'habitat ou les collectivités locales, comme maîtres d'ouvrage, un bureau d'étude étatique (C.A.D.A.T.), comme maître d'œuvre et des entreprises de réalisation.
Instituée par une simple circulaire ministérielle (n° 00 355/PU. 2/75, du 19-02-1975), ce qui est
révélateur en soi, pour rattraper le retard en matière d'habitat urbain et d'équipement des villes, l'objectif de la Z.H.U.N. est la réalisation de logements collectifs et de leurs équipements et services,
rapidement, sur des assiettes foncières importantes et selon des procédés constructifs industriels.
La Z.H.U.N. remplaçait un instrument français qui est la zone à urbaniser par priorité (Z.U.P.)
(1958). Comme la Z.U.P., la Z.H.U.N. était destinée aux banlieues et aux périphéries et était l'outil d'extension urbaine à plus ou
moins grande échelle - elle était généralement utilisée au-delà de 400 logements.
Ceci en fit le seul véritable moteur de l'urbanisation en Algérie, avec les réserves foncières communales. L'ampleur de l'urbanisation algérienne planifiée n'aurait pu être possible sans cette procédure. La taille de certaines petites et moyennes villes a doublé et les grandes villes ont connu une expansion inédite. En général, et malgré les difficultés de réalisation, le niveau d'équipement des villes algériennes fut amélioré. Mais, du point de vue qualitatif, l'espace urbain produit est décevant tant sur le plan de la dégradation rapide des immeubles, de la pauvreté du langage architectural, de la sous-utilisation des espaces extérieurs, du sous-équipement, de la rupture avec le reste de la commune et notamment le centre ville, du cadre social (surpeuplement des logements, délinquance, insécurité), du cadre économique (sous-emploi, déficit en transports...) et enfin du cadre environnemental (réseaux défectueux, espaces verts inexistants).
Pour conclure, on peut dire qu'avant les années 1990, l'urbanisation en Algérie se faisait à coup de programmes économiques et d'habitat et non sur la base de plans d'urbanisme tenant compte
de la dimension spatiale, de l'utilisation rationnelle des sols urbains et de l'échelle mineure. Cet état des choses qui privilégie forcément l'expansion urbaine démesurée s'est répercuté notamment sur les centres urbains qui ne disposaient d'aucun instrument d'intervention spécifique. Sans législation suffisante et sans politique volontaire, l'urbanisme relatif aux tissus anciens et aux centres des villes étai( délaissé. Le délaissement du centre pour la périphérie - aurait-on pu faire autrement - qui
caractérisa l'urbanisation algérienne a eu des conséquences négatives qu'on peut observer aujourd'hui
aisément, malgré la satisfaction d'une partie de la demande : un gaspillage des
terres agricoles et du foncier urbain et péri urbain en général ; des déséquilibres régionaux persistants ; des déséquilibres entre les centres anciens et les nouvelles cités d'habitation ; la désintégration systématique des espaces d'urbanité qui sont dédifférenciés et monotones ; les difficultés de gestion
et l'insuffisance des infrastructures et des équipements.
Re: Panorama de l'évolution des politiques urbaines et des instruments d'urbanisme en Algérie
La prise de conscience : La nouvelle donne
A partir de la fin des années 1980 et le début des années 1990, une prise de conscience, rendue inéluctable par l'évolution du contexte politique et économique, s'annonce, quant aux limites du tout planifié et de l'Etat contrôleur, programmeur, investisseur, financier et réalisateur. En fait, la nouvelle conjoncture économique et politique, qui va réhabiliter la notion de propriété privée et qui est marquée par une raréfaction des ressources budgétaires publiques et d'une mise en cause du dirigisme
socialiste, enclenche un processus de limitation du rôle de l'Etat à celui de régulateur et contrôleur, c'est-à-dire au rôle traditionnel de l'Etat dans les pays à économie libérale.
Les anciens instruments de planification et de planification urbaine devenaient caduques et de nouveaux instruments d'urbanisme, orientés vers la rationalisation de l'occupation des sols et non plus vers la programmation des investissements, s'imposaient pour garantir une maîtrise spatiale de l'aménagement à l'échelle de l'agglomération, de la commune et de la partie de commune.
La prise de conscience de l'importance de la maîtrise de l'espace (1980-1990)
La transition vers les années 1990 et des instruments où domine la dimension spatiale ne s'est pas faite brutalement. Comme pour la politique foncière, les années 1980 ont constitué une phase de
transition significative.
En effet, l'expérience de terrain du "tout planifié" en montra les limites. Les incohérences entre la programmation sectorielle et l'aménagement spatial était flagrante et fut la première ressentie. Le signe annonciateur du changement de cap fut la création d'un important Ministère de la planification et de l'aménagement du territoire censé coordonner les programmes sectoriels dans une approche globale du territoire.
La création au début des années 1980 de l'Agence nationale pour l'aménagement du territoire
(A.N.A.T.) et la loi sur l'aménagement du territoire introduisent une approche globale où sont distinguées les différentes échelles d'aménagement, du territoire national à la ville. L'A.N.A.T.
est chargée d'abord d'établir les monographies des wilayas du pays.
Au même temps, sont définis des schémas d'aménagement, par le biais d'une loi sur I’ aménagement du territoire (Loi n" 87-03 (lu 27--01-1987). 1,e S.N.A.T. (Schéma national d'aménagement du territoire), le S.R.A.T. (Schéma régional d'aménagement du territoire), le P.A.W. (Schéma d'aménagement de wilaya) représentent les principaux instruments de la politique d'aménagement du territoire. Dans les années 1990, on opte pour des instruments spécifiques, dont le meilleur exemple est le S.D.A.L. (Schéma directeur d'aménagement du littoral), qui évalue l'impact des investissements sur l'espace
littoral national.
Cette démarche démontre une prise de conscience à plusieurs niveaux, malgré son cantonnement aux échelles de l'aménagement du territoire et la poursuite des politiques sectorielles qui en remettent en
cause l'utilité.
Les signes de la prise de conscience sont :
· Premièrement, on se rend compte que le problème de l'aménagement et de l'urbanisme est global et doit, par conséquent, être envisagé à toutes les échelles, avec un souci de cohérence ;
· deuxièmement, la donnée spatiale acquiert son importance légitime, il ne s'agit plus d'implanter, tant bien que mal, des programmes d'investissement étatiques, mais de les situer dans leurs
espaces, national, régional et local.
Mais l'échelle de base, celle de la ville, ne sera réellement prise en compte, qu'au cours des années 1990, avec l'adoption de nouvelles règles d'urbanisme, parallèlement à la libéralisation du marché
foncier.
Les nouveaux instruments d'urbanisme
La pierre angulaire des nouveaux instruments d'urbanisme est une gestion plus économe des sols par le
renforcement de la réglementation urbaine. Par ailleurs, l'urbanisation monofonctionnelle, ayant prévalu dans les années 1970, doit être désormais remplacée par une urbanisation polyfonctionnelle où sont recherchés l'équilibre et l'intégration des diverses fonctions urbaines (habitat, commerce, agriculture,
industrie), dans un souci général de préservation de l'environnement et des richesses naturelles, particulièrement les terres agricole menacées par l'urbanisation.
Concrètement, ces nouvelles options se traduiront par la loi sur l'urbanisme et l'aménagement (Loi n° 90-29 du 01-12-1990) qui institue un Plan directeur d'aménagement et d'urbanisme
(P.D.A.U.) dont le rôle est prévisionnel (long terme) et un Plan d'occupation des sols (P.O.S.) dont le rôle est réglementaire (moyen terme).
Théoriquement, la démarche d'établissement des documents d'urbanisme est plus complexe et faite d'allers et retours continuels pouvant intégrer des dimensions qu'occultait la traditionnelle démarche linéaire et appauvrissant du P.U.D. Cette complexité est la chose la plus difficile à assimiler par des
concepteurs déqualifiés et désensibilisés par des décennies de pratique urbanistique bureaucratique.
La nouvelle politique urbaine comporte quelques avancées, sur les plans théorique et méthodologique, quant à la prise en charge de la qualité urbaine, des échelles mineures et de la spécificité locale
- la réalité est autrement plus décevante. Ces avancées peuvent être résumées dans les points suivants :
Une nouvelle vision de l'aménagement urbain et le retour de la
planification spatiale
II est adopté une vision plus complexe de l'aménagement urbain dans laquelle le plan d'urbanisme peut concerner un groupement de communes ou agglomération (notion d'intercommunalité) et non pas
une seule commune (P.U.D.). Ainsi, les diverses échelles de l'aménagement urbain (agglomération, commune, partie de commune ou quartier) sont reconnues. Toutefois, là aussi, l'influence
française est apparente ; le P.D.A.U. rappelle le S.D.A.U. (Schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme) qui apparaît dès 1967, et devient, en 1983, le S.D. (Schéma directeur) dont l'objectif est aussi le rééquilibrage des activités au sein de la commune ou de l'agglomération et les solidarités intercommunales.
Ceci dit le poids des pratiques engendrées par le P.U.D. fait que le P.D.A.U. n'est pas conçu dans cet esprit. Le plan d'urbanisme reste une affaire communale, alors que la conjoncture imposera, tôt
ou tard, la coopération et la solidarité des communes agglomérées pour résoudre des problèmes de gestion urbaine insolubles par les propres moyens de chaque commune, notamment du fait de la raréfaction des deniers publics.
La gestion de l'espace apparaît, au moins sur le plan théorique, comme l'objet principal
du P.D.A.U. et du P.O.S. La planification "spatiale" a remplace la planification tout court, jugeons-en :
· l'élément le plus important est bien la délimitation des sols selon les usages et le mode de
propriété, conformément à la nouvelle politique foncière présentée ci-dessus. Il s'agit, à ce sujet, d'une réhabilitation de la contrainte foncière comme élément principal de rationalisation de l'occupation des sols ;
· une nette distinction est opérée entre les zones d'intervention ou d'urbanisation et les zones à protéger (terres agricoles riches, sites, patrimoine) ;
le but recherché est la rationalisation des actes d'urbanisme (expropriation, lotissement, construction, démolition et les différentes autorisations qui s'y rattachent). L'arbitraire de ces actes, qu'ils soient publics ou émanant de particuliers, doit être limité grâce à des instruments d'urbanisme opposables aux tiers et qui sont, par conséquent, des outils de contrôle de l'occupation des sols
Le retour de l'échelle mineure, de l'embellissement et de l'intérêt pour le patrimoine
Depuis les années 1980, un discours urbanistique majeur, sur le plan universel, met en avant la notion d'urbanisme qualitatif fondé essentiellement sur une meilleure prise en charge de l'instrument P.O.S.
Ceci se traduit par un souci de prise en charge des échelles mineures par le biais du P.O.S. qui se veut un instrument opérationnel et de composition urbaine. Il s'applique à la commune ou à une partie de la commune et permet de prendre en charge, en plus des actions d'urbanisation nouvelle, des opérations d'urbanisme spécifiques (rénovation, réhabilitation, densification...) à l'échelle du quartier où l'habitat urbain et les espaces publics, ainsi que des. notions comme l'identité urbaine et l'image urbaine deviennent primordiaux.
L'apparition du P.O.S. dans la législation urbanistique algérienne n'est pas étranger à ces tendances, ni à l'influence française persistante. Toutefois, et en pratique, l'institution d'une échelle de détail (P.O.S.) n'est pas une garantie suffisante, loin de là, pour une prise en charge réelle de l'aménagement de nos villes. En effet, deux facteurs majeurs entravent une telle démarche dans le
contexte algérien :
• Premièrement, l'inexistence de compétences techniques suffisamment conscientes des enjeux de la composition urbaine. Malgré l'existence quantitative des compétences (architectes et urbanistes)
formées sur une période de trente ans, celles-ci traînent un passé fait de marginalisation et de tâches exigeant peu d'efforts intellectuels. Du côté des décideurs et des élus le problème
serait l'absence d'une conscience politique et édilitaire suffisante vis-à-vis des questions de l'environnement urbain dans toutes ses dimensions, y compris esthétique. Ceci dit, les facteurs
entravant liés aux techniciens et aux décideurs peuvent être progressivement dépassés par une réelle mise en œuvre de la concertation et de la concurrence dans le domaine des études, une concurrence devant être synonyme de qualité des études et des projets.
• Deuxièmement, l'apport possible du P.O.S., comme instrument de qualification urbaine, est entravé par la logique "descendante" de l'aménagement urbain (S.N.A.T. »> S.R.A.T. »> P.A.W. »> P.
D. »> P.O.S.). Bien qu'elle vise une cohérence de l'acte d'aménagement (chaque niveau doit être compatible avec celui qui le précède), cette logique peut être une source d' appauvrissement
d'une démarche dans laquelle l'échelle de détail ne sera qu'un aboutissement négligeable. En d'autres termes, le risque est grand d'accorder plus d'importance, dans les études, aux échelles majeures (nationale et régionale) dont l'impact à l'échelle locale est peu important
En somme, il est 1 craindre, malgré les discours et les avancées de la législation, que la réflexion sur l'environnement urbain et l'articulation des espaces et des tissus urbains ne soit encore fane réflexion marginale, académique et culturaliste, dans le contexte algérien actuel écrasé par les nécessités
fonctionnelles et l'inefficacité de la gestion des services urbains.
Malgré tout, il est légitime de plaider pour un urbanisme de détail utilisant réellement l'instrument juridique qui est le P.O.S. Les enjeux sont multiples et ne sont pas simplement d'ordre
technique, mais aussi social et culturel.
Citons particulièrement :
· la gestion de l'espace public et sa composition :
aussi bien comme moyen de reconquête de centres villes délabrés que de réhabilitation de périphéries chaotiques. En effet, l'espace public constitue le niveau opérationnel le plus approprié en ce qui concerne la reconquête des échelles mineures et d'espaces d'urbanité quotidiens articulés ;
· la préservation du patrimoine bâti et de l'environnement : face aux menaces qui pèsent sur la ville historique et l'environnement. L'intérêt pour le patrimoine urbain est, aussi bien, une
réaction à la laideur des ensembles urbanistiques modernes, une manière de sauvegarder une culture locale menacée, qu'une recherche des valeurs et des caractéristiques physiques d'une ville traditionnelle qui sont autant d'enseignements pour réapprendre à créer des espaces morphologiquement valables ;
· l'amélioration de l'image urbaine et de l'environnement visuel des villes : la dégradation et la pollution visuelle, voire la désintégration irréparable des espaces urbains, place la question de
l'environnement visuel de nos villes, au premier plan. Le retour à des échelles mineures d'aménagement permet de redéfinir des espaces d'urbanité dignes de ce nom. La réaction contre les schémas de planification totaux, privilégiant les données socioéconomiques, au détriment du détail morphologique, impose aujourd'hui la réhabilitation des notions d'art urbain, d'embellissement, de composition urbaine, bref l'aménagement de proximité, démarche qui redonnerait articulation et valeur esthétique aux espaces de vie quotidiens et contribuerait à tisser des rapports plus harmonieux entre les citadins et leur environnement.
La concertation et intégration d'autres acteurs dans l'aménagement urbain
La décentralisation de l'aménagement et la mise à l'honneur des échelles mineures impliquent la concrétisation de la notion de concertation, c'est-à-dire la réintégration du citoyen dans le processus de décision en matière
A partir de la fin des années 1980 et le début des années 1990, une prise de conscience, rendue inéluctable par l'évolution du contexte politique et économique, s'annonce, quant aux limites du tout planifié et de l'Etat contrôleur, programmeur, investisseur, financier et réalisateur. En fait, la nouvelle conjoncture économique et politique, qui va réhabiliter la notion de propriété privée et qui est marquée par une raréfaction des ressources budgétaires publiques et d'une mise en cause du dirigisme
socialiste, enclenche un processus de limitation du rôle de l'Etat à celui de régulateur et contrôleur, c'est-à-dire au rôle traditionnel de l'Etat dans les pays à économie libérale.
Les anciens instruments de planification et de planification urbaine devenaient caduques et de nouveaux instruments d'urbanisme, orientés vers la rationalisation de l'occupation des sols et non plus vers la programmation des investissements, s'imposaient pour garantir une maîtrise spatiale de l'aménagement à l'échelle de l'agglomération, de la commune et de la partie de commune.
La prise de conscience de l'importance de la maîtrise de l'espace (1980-1990)
La transition vers les années 1990 et des instruments où domine la dimension spatiale ne s'est pas faite brutalement. Comme pour la politique foncière, les années 1980 ont constitué une phase de
transition significative.
En effet, l'expérience de terrain du "tout planifié" en montra les limites. Les incohérences entre la programmation sectorielle et l'aménagement spatial était flagrante et fut la première ressentie. Le signe annonciateur du changement de cap fut la création d'un important Ministère de la planification et de l'aménagement du territoire censé coordonner les programmes sectoriels dans une approche globale du territoire.
La création au début des années 1980 de l'Agence nationale pour l'aménagement du territoire
(A.N.A.T.) et la loi sur l'aménagement du territoire introduisent une approche globale où sont distinguées les différentes échelles d'aménagement, du territoire national à la ville. L'A.N.A.T.
est chargée d'abord d'établir les monographies des wilayas du pays.
Au même temps, sont définis des schémas d'aménagement, par le biais d'une loi sur I’ aménagement du territoire (Loi n" 87-03 (lu 27--01-1987). 1,e S.N.A.T. (Schéma national d'aménagement du territoire), le S.R.A.T. (Schéma régional d'aménagement du territoire), le P.A.W. (Schéma d'aménagement de wilaya) représentent les principaux instruments de la politique d'aménagement du territoire. Dans les années 1990, on opte pour des instruments spécifiques, dont le meilleur exemple est le S.D.A.L. (Schéma directeur d'aménagement du littoral), qui évalue l'impact des investissements sur l'espace
littoral national.
Cette démarche démontre une prise de conscience à plusieurs niveaux, malgré son cantonnement aux échelles de l'aménagement du territoire et la poursuite des politiques sectorielles qui en remettent en
cause l'utilité.
Les signes de la prise de conscience sont :
· Premièrement, on se rend compte que le problème de l'aménagement et de l'urbanisme est global et doit, par conséquent, être envisagé à toutes les échelles, avec un souci de cohérence ;
· deuxièmement, la donnée spatiale acquiert son importance légitime, il ne s'agit plus d'implanter, tant bien que mal, des programmes d'investissement étatiques, mais de les situer dans leurs
espaces, national, régional et local.
Mais l'échelle de base, celle de la ville, ne sera réellement prise en compte, qu'au cours des années 1990, avec l'adoption de nouvelles règles d'urbanisme, parallèlement à la libéralisation du marché
foncier.
Les nouveaux instruments d'urbanisme
La pierre angulaire des nouveaux instruments d'urbanisme est une gestion plus économe des sols par le
renforcement de la réglementation urbaine. Par ailleurs, l'urbanisation monofonctionnelle, ayant prévalu dans les années 1970, doit être désormais remplacée par une urbanisation polyfonctionnelle où sont recherchés l'équilibre et l'intégration des diverses fonctions urbaines (habitat, commerce, agriculture,
industrie), dans un souci général de préservation de l'environnement et des richesses naturelles, particulièrement les terres agricole menacées par l'urbanisation.
Concrètement, ces nouvelles options se traduiront par la loi sur l'urbanisme et l'aménagement (Loi n° 90-29 du 01-12-1990) qui institue un Plan directeur d'aménagement et d'urbanisme
(P.D.A.U.) dont le rôle est prévisionnel (long terme) et un Plan d'occupation des sols (P.O.S.) dont le rôle est réglementaire (moyen terme).
Théoriquement, la démarche d'établissement des documents d'urbanisme est plus complexe et faite d'allers et retours continuels pouvant intégrer des dimensions qu'occultait la traditionnelle démarche linéaire et appauvrissant du P.U.D. Cette complexité est la chose la plus difficile à assimiler par des
concepteurs déqualifiés et désensibilisés par des décennies de pratique urbanistique bureaucratique.
La nouvelle politique urbaine comporte quelques avancées, sur les plans théorique et méthodologique, quant à la prise en charge de la qualité urbaine, des échelles mineures et de la spécificité locale
- la réalité est autrement plus décevante. Ces avancées peuvent être résumées dans les points suivants :
Une nouvelle vision de l'aménagement urbain et le retour de la
planification spatiale
II est adopté une vision plus complexe de l'aménagement urbain dans laquelle le plan d'urbanisme peut concerner un groupement de communes ou agglomération (notion d'intercommunalité) et non pas
une seule commune (P.U.D.). Ainsi, les diverses échelles de l'aménagement urbain (agglomération, commune, partie de commune ou quartier) sont reconnues. Toutefois, là aussi, l'influence
française est apparente ; le P.D.A.U. rappelle le S.D.A.U. (Schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme) qui apparaît dès 1967, et devient, en 1983, le S.D. (Schéma directeur) dont l'objectif est aussi le rééquilibrage des activités au sein de la commune ou de l'agglomération et les solidarités intercommunales.
Ceci dit le poids des pratiques engendrées par le P.U.D. fait que le P.D.A.U. n'est pas conçu dans cet esprit. Le plan d'urbanisme reste une affaire communale, alors que la conjoncture imposera, tôt
ou tard, la coopération et la solidarité des communes agglomérées pour résoudre des problèmes de gestion urbaine insolubles par les propres moyens de chaque commune, notamment du fait de la raréfaction des deniers publics.
La gestion de l'espace apparaît, au moins sur le plan théorique, comme l'objet principal
du P.D.A.U. et du P.O.S. La planification "spatiale" a remplace la planification tout court, jugeons-en :
· l'élément le plus important est bien la délimitation des sols selon les usages et le mode de
propriété, conformément à la nouvelle politique foncière présentée ci-dessus. Il s'agit, à ce sujet, d'une réhabilitation de la contrainte foncière comme élément principal de rationalisation de l'occupation des sols ;
· une nette distinction est opérée entre les zones d'intervention ou d'urbanisation et les zones à protéger (terres agricoles riches, sites, patrimoine) ;
le but recherché est la rationalisation des actes d'urbanisme (expropriation, lotissement, construction, démolition et les différentes autorisations qui s'y rattachent). L'arbitraire de ces actes, qu'ils soient publics ou émanant de particuliers, doit être limité grâce à des instruments d'urbanisme opposables aux tiers et qui sont, par conséquent, des outils de contrôle de l'occupation des sols
Le retour de l'échelle mineure, de l'embellissement et de l'intérêt pour le patrimoine
Depuis les années 1980, un discours urbanistique majeur, sur le plan universel, met en avant la notion d'urbanisme qualitatif fondé essentiellement sur une meilleure prise en charge de l'instrument P.O.S.
Ceci se traduit par un souci de prise en charge des échelles mineures par le biais du P.O.S. qui se veut un instrument opérationnel et de composition urbaine. Il s'applique à la commune ou à une partie de la commune et permet de prendre en charge, en plus des actions d'urbanisation nouvelle, des opérations d'urbanisme spécifiques (rénovation, réhabilitation, densification...) à l'échelle du quartier où l'habitat urbain et les espaces publics, ainsi que des. notions comme l'identité urbaine et l'image urbaine deviennent primordiaux.
L'apparition du P.O.S. dans la législation urbanistique algérienne n'est pas étranger à ces tendances, ni à l'influence française persistante. Toutefois, et en pratique, l'institution d'une échelle de détail (P.O.S.) n'est pas une garantie suffisante, loin de là, pour une prise en charge réelle de l'aménagement de nos villes. En effet, deux facteurs majeurs entravent une telle démarche dans le
contexte algérien :
• Premièrement, l'inexistence de compétences techniques suffisamment conscientes des enjeux de la composition urbaine. Malgré l'existence quantitative des compétences (architectes et urbanistes)
formées sur une période de trente ans, celles-ci traînent un passé fait de marginalisation et de tâches exigeant peu d'efforts intellectuels. Du côté des décideurs et des élus le problème
serait l'absence d'une conscience politique et édilitaire suffisante vis-à-vis des questions de l'environnement urbain dans toutes ses dimensions, y compris esthétique. Ceci dit, les facteurs
entravant liés aux techniciens et aux décideurs peuvent être progressivement dépassés par une réelle mise en œuvre de la concertation et de la concurrence dans le domaine des études, une concurrence devant être synonyme de qualité des études et des projets.
• Deuxièmement, l'apport possible du P.O.S., comme instrument de qualification urbaine, est entravé par la logique "descendante" de l'aménagement urbain (S.N.A.T. »> S.R.A.T. »> P.A.W. »> P.
D. »> P.O.S.). Bien qu'elle vise une cohérence de l'acte d'aménagement (chaque niveau doit être compatible avec celui qui le précède), cette logique peut être une source d' appauvrissement
d'une démarche dans laquelle l'échelle de détail ne sera qu'un aboutissement négligeable. En d'autres termes, le risque est grand d'accorder plus d'importance, dans les études, aux échelles majeures (nationale et régionale) dont l'impact à l'échelle locale est peu important
En somme, il est 1 craindre, malgré les discours et les avancées de la législation, que la réflexion sur l'environnement urbain et l'articulation des espaces et des tissus urbains ne soit encore fane réflexion marginale, académique et culturaliste, dans le contexte algérien actuel écrasé par les nécessités
fonctionnelles et l'inefficacité de la gestion des services urbains.
Malgré tout, il est légitime de plaider pour un urbanisme de détail utilisant réellement l'instrument juridique qui est le P.O.S. Les enjeux sont multiples et ne sont pas simplement d'ordre
technique, mais aussi social et culturel.
Citons particulièrement :
· la gestion de l'espace public et sa composition :
aussi bien comme moyen de reconquête de centres villes délabrés que de réhabilitation de périphéries chaotiques. En effet, l'espace public constitue le niveau opérationnel le plus approprié en ce qui concerne la reconquête des échelles mineures et d'espaces d'urbanité quotidiens articulés ;
· la préservation du patrimoine bâti et de l'environnement : face aux menaces qui pèsent sur la ville historique et l'environnement. L'intérêt pour le patrimoine urbain est, aussi bien, une
réaction à la laideur des ensembles urbanistiques modernes, une manière de sauvegarder une culture locale menacée, qu'une recherche des valeurs et des caractéristiques physiques d'une ville traditionnelle qui sont autant d'enseignements pour réapprendre à créer des espaces morphologiquement valables ;
· l'amélioration de l'image urbaine et de l'environnement visuel des villes : la dégradation et la pollution visuelle, voire la désintégration irréparable des espaces urbains, place la question de
l'environnement visuel de nos villes, au premier plan. Le retour à des échelles mineures d'aménagement permet de redéfinir des espaces d'urbanité dignes de ce nom. La réaction contre les schémas de planification totaux, privilégiant les données socioéconomiques, au détriment du détail morphologique, impose aujourd'hui la réhabilitation des notions d'art urbain, d'embellissement, de composition urbaine, bref l'aménagement de proximité, démarche qui redonnerait articulation et valeur esthétique aux espaces de vie quotidiens et contribuerait à tisser des rapports plus harmonieux entre les citadins et leur environnement.
La concertation et intégration d'autres acteurs dans l'aménagement urbain
La décentralisation de l'aménagement et la mise à l'honneur des échelles mineures impliquent la concrétisation de la notion de concertation, c'est-à-dire la réintégration du citoyen dans le processus de décision en matière
Re: Panorama de l'évolution des politiques urbaines et des instruments d'urbanisme en Algérie
D’aménagement. Théoriquement, l’aspect apparaît dans le fait que le
P.O.S. et le P.D.A.U. soient des instruments opposables aux administrés
et devant faire l'objet d'une véritable enquête publique qui ne soit
pas une simple formalité administrative. Contrairement au P.U.D. qui
était un acte de type administratif, le P.O.S. est un acte politique
qui peut être sanctionné politiquement (contrôle démocratique des
collectivités locales). Disons, à ce sujet, que le P.O.S. opère l'articulation nécessaire entre le plan directeur et, au-delà, les schémas d'aménagement , d'une part, et les droits des citoyens en matière d'aménagement urbain, d'autre part.
Ceci dit, toute approche démocratique de l'urbanisme est tributaire de l'existence d'associations de défense puissantes, exprimant l'opinion
publique dominante sur le cadre urbain, et représentatives aussi bien
des intérêts particuliers légitimes que des habitants.
Par ailleurs, et dans un autre registre, la procédure d'expropriation qui oppose souvent l'administration
et le citoyen ne doit plus être, dans une économie libérale, un acte
administratif unilatéral, mais un acte négocié, juste et équitable. L'implication de l'administré dans les problèmes d'urbanisme et sa
contribution dans la réalisation de l'intérêt général passe aussi par sa sécurité foncière et la protection juridique de son droit de propriété et son indemnisation, le cas échéant, préalablement et justement.
En
plus de l'enquête publique et du respect des droits des administrés, la
concertation peut suivre des voies institutionnelles. A cet égard, la
création des Comités d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement
(C.A.U.E.) (Décret exécutif du 19-11-1995) est une approche qui, si
elle est prise au sérieux, pourrait donner des résultats intéressants.
Bien qu'il s'agisse, là aussi, d'un organisme conforme à ce
qui existe en France, jusque dans sa dénomination ; il dénote un souci
de prise en charge d'échelles plus réduites de l'urbanisme, de promotion de la qualité du cadre bâti et de son environnement et surtout le retour de l'architecte et de
l'usager-citoyen sur la scène urbanistique, en tant que consultants. Ce comité, installé dans chaque wilaya, est un organe consultatif composé de représentants de l'Etat (trois directeurs de wilaya,
parmi lesquels on élit le directeur du comité, trois élus locaux désignés par le wali), un représentant local du conseil de l'ordre des architectes et enfin de représentants d'associations
qualifiées en matière d'architecture, d'urbanisme et d'environnement (deux représentants élus). La tâche du comité est de traiter toutes les questions relatives à l'urbanisme
et à la protection des sites classés et des sites naturels sensibles ;
il est chargé d'aider les collectivités locales, en les conseillant, à
mettre en place des instruments d'urbanisme respectueux de règles d'architecture,
notamment locale ; par ailleurs le comité doit orienter Conseiller et
encadrer les opérations de rénovation, de réhabilitation et de
viabilisation des tissus urbains, surtout anciens ou spontanés; enfin,
il conseille les collectivités sur leur leurs projets d'installation de
mobilier urbain, d'aménagement des espaces verts, de loisirs,
de zones boisées...
Enfin, notons que la concertation est à envisager comme partie intégrante du projet qui n'est que le
produit
d'un processus "dialogique" dans lequel le spécialiste réalise ce qui
est avant tout commode pour son client. La figure du planificateur
démiurge a atteint ses limites. Le travail d'aménagement sera
davantage
assuré par des organismes de proximité et de mission, traitant de
problèmes spécifiques, selon des méthodes spécifiques, et non plus par
des organismes bureaucratiques. Cette tendance conduit à la mise en
place d'un ensemble d'actions et de structures d'étude adaptées à un
contexte particulier, qu'on désigne sous le vocable de politique de la ville.
L'investissement comme moteur et objectif de l'urbanisation
Avec
la fin de l'Etat investisseur, l'investissement privé devient un
instrument incontournable pour le développement des villes et pour la
sauvegarde de leur équilibre économique et social (offre d'emploi).
En
fait, pendant toute la décennie 80, l'Etat amorce un lent mais certain
processus de désengagement des tâches d'investissement économique, en
offrant des champs d'action de plus en plus larges au secteur privé
national et étranger, c'est ainsi que dès 1982, le secteur privé est
autorisé à investir
dans des activités dites d' utilité économique et sociale, bénéfiques pour l'ensemble de la collectivité.
Aujourd'hui,
l'efficacité de la gestion locale se mesure aussi par la capacité à
donner une image attractive du territoire (actions de marketing), à
attirer des investissements et à leur offrir des conditions
d'épanouissement satisfaisantes.
C'est dans cet ordre d'idées que furent instituées, en 1993, les Comités d'assistance, de
localisation et de promotion de l'investissement de wilaya (C.A.L.P.I.),
qui définissent, en prenant en compte les instruments d'urbanisme, les
équipements et les opportunités foncières nécessaires aux
investissements, dans le respect des ressources locales, notamment les
terres agricoles. Ceci dit, il
apparaît d'après les premières
expériences que le rôle des C.A.L.P.I. se limite généralement à celui
d'un organisme pourvoyeur de terrains, parfois détournés de leur
vocation initiale, alors qu'il doit notamment gérer, une politique
d'investissement local plus élaborée. L'Agence de promotion et de suivi
de l'investissement (A.P.S.I.) simplifie, de son côté, la procédure
d'investissement.
Comme dans toute économie libérale, l'encouragement de l'investissement
passe non seulement par l'accès facile à des terrains viables, mais
aussi par les incitations fiscales et la simplification
de la procédure. Dans cet esprit, s'inscrit la définition des Zones à promouvoir dont les difficultés imposent des efforts d'investissement
et d'équipement importants ; des Zones d'expansion économique (Z.E.E.),
pour les activités tertiaires, productives ou touristiques ; et des
Zones franches,
zones le potentiel économique, la vocation et la situation sont des atouts à
mettre en valeur.
Les survivances du volontarisme
En
limitant son intervention dans le domaine de l'urbanisme au contrôle,
l'Etat conserve une part . de la politique volontariste en matière
d'aménagement du territoire.
L'action volontaire de l'Etat en
aménagement du territoire et qui trouve un prolongement direct à
l'échelle de l'urbanisme, est la politique dite des villes nouvelles
censée éviter les erreurs de l'urbanisation par la Z.H.U.N. Ses objectifs sont :
· réorganiser
l'armature urbaine, en prévision d'une population urbaine en 2010 qui
sera double de celle recensée en 1990. L'exode rural est désormais
considéré comme irréversible et inévitable, mais la
réorganisation
de l'armature urbaine devrait en atténuer les effets par un
desserrement de la pression autour des grandes villes ;
· relier
l'urbanisation à la politique économique en résolvant en partie la
contradiction, aux alentours des grandes villes (Alger, notamment),
entre l'urbanisation et les terres agricoles, mais aussi entre
populations et potentialités d'emploi. Par ailleurs, le projet de
villes nouvelles doit s'accompagner
du développement des infrastructures (route, chemin de fer, hydraulique...).
Enfin,
du point de vue économique, les villes nouvelles sont pourvoyeuses
d'emplois, environ 22 000 emplois permanents pour chaque ville
(industries agro-alimentaires, recherche scientifique...) ; à ces
emplois permanents s'ajoutent ceux générés par les chantiers (politique
des grands travaux) ;
· décongestionner
la ville d'Alger, en établissant une couronne de villes nouvelles
moyennes (Naciria, Mahelma, El Affroun, Bouinan, et plus loin, dans les
Hauts-plateaux, Boughezoul), dont la population varierait de 100 000 à
120 000 habitants, la situation de ces villes dans la région d'Alger
(région
nord-centre) est une reconnaissance de fait du rôle primordial de la Capitale, qu'il s'agit simplement de désengorger.
· développer
et promouvoir l'investissement et le partenariat (public et privé) qui
doivent contribuer à la création des activités économiques et à la
promotion immobilière ;
• créer des villes structurées et
animées qui ne soient pas des cités-dortoirs comme le furent les
Z.H.U.N., par la réalisation intégrée des équipements, de l'habitat
urbain et des infrastructures de transport.
Malgré son apport réel sur le plan de la procédure d'urbanisation,
par la création d'établissements publics d'aménagement des villes
nouvelles, la confrontation entre plusieurs savoir-faire disciplinaires
et la jonction qu'elle opère entre le volontarisme de l'Etat et les
mécanismes d'investissement et d'urbanisation dans une économie
libérale, l'option des villes nouvelles connaît des hésitations
significatives qui nous poussent à nous demander s'il s'agit d'un
véritable choix stratégique ou d'un simple effet de mode issu des
expériences des pays développés depuis quelques décennies ou de
quelques pays sous-développés depuis peu.
L'avenir dira si ce choix
est viable et positif ; mais déjà, il est à craindre, dans un contexte
politique et économique défavorable, des problèmes de gestion et de
réalisation et que le résultat ne soit qu'une transposition des
problèmes des villes existantes dans des sites mal préparés ou non
accueillants.
CONCLUSION
L'Algérie est certainement le pays de la rive sud de la
Méditerranée qui a expérimenté, en une période historique courte, des
politiques urbaines fort différentes, voire opposées. Après
l'expérience du tout planifié, la planification urbaine algérienne
adopte des instruments d'urbanisme soucieux de la gestion et du
contrôle d'une occupation rationnelle des sols urbains.
Mais quelle
que soient les avancées que ces instruments introduisent du point de
vue des objectifs, des méthodologies et des procédures, leur impact
pratique s'avère limité dans l'état actuel de la
pratique et de la
recherche et en l'absence d'un réel débat sur la ville algérienne de
demain : quelle en est l'idée ? Quelle en sera la forme ?
Les
conditions culturelles, intellectuelles et professionnelles ne sont pas
mûres pour une réflexion générale sur l'urbanisme algérien, sur l'idée
de ville algérienne souhaitée et sur ses
instruments d'application.
On assiste plutôt aujourd'hui à la création de nouveaux instruments
d'urbanisme spécialisés, de portée ponctuelle, qui viennent s'ajouter
ou remplacer la panoplie des instruments existants, sans aucune vision
d'ensemble des enjeux, sans garantie d'efficacité et sans aucun modèle urbain
sous-jacent. La prolifération et accumulation des instruments
d'urbanisme spécialisés - quelques soient les progrès par rapport à la
situation antécédente - contribuent à créer une certaine confusion dans
la pratique urbanistique aujourd'hui, laquelle a perdu toute capacité
d'élaborer un Projet de ville. Les P.D.A.U. répliques des
P.U.D. ainsi que la démarche ponctuelle et isolée du Grand projet
urbain algérois (G.P.U.) sont autant de signes qui confirment ce
constat.
Avec la fin de l'Etat volontariste et du mythe du tout planifié, d'une
part, et avec la mondialisation de l'économie et de la concurrence,
d'autre part, la conception de la ville devient, avant tout, la
conception
d'une image à promouvoir. En cette fin du 20è siècle, le développement
technologique et les nouvelles conditions sociétales, feront que la
ville ne sera plus un dispositif de localisation fonctionnelle des
activités, mais plutôt un dispositif spatial dont l'image - avec toutes
les dimensions et la complexité que cette notion recouvre - est, soit
attrayante, soit répulsive, pour ses propres habitants et les autres.
Ceux
qui font la ville algérienne (décideurs, techniciens, acteurs urbains)
sont-ils en mesure de relever ces défis, et si non, sont-ils, au moins,
conscients des enjeux du phénomène d'urbanisation à l'avenir ?...
via:
MAOUIA SAIDOUNI , élément d’introduction à l’urbanisme, CASBAH Edition, 2001, pp 200, 223.
P.O.S. et le P.D.A.U. soient des instruments opposables aux administrés
et devant faire l'objet d'une véritable enquête publique qui ne soit
pas une simple formalité administrative. Contrairement au P.U.D. qui
était un acte de type administratif, le P.O.S. est un acte politique
qui peut être sanctionné politiquement (contrôle démocratique des
collectivités locales). Disons, à ce sujet, que le P.O.S. opère l'articulation nécessaire entre le plan directeur et, au-delà, les schémas d'aménagement , d'une part, et les droits des citoyens en matière d'aménagement urbain, d'autre part.
Ceci dit, toute approche démocratique de l'urbanisme est tributaire de l'existence d'associations de défense puissantes, exprimant l'opinion
publique dominante sur le cadre urbain, et représentatives aussi bien
des intérêts particuliers légitimes que des habitants.
Par ailleurs, et dans un autre registre, la procédure d'expropriation qui oppose souvent l'administration
et le citoyen ne doit plus être, dans une économie libérale, un acte
administratif unilatéral, mais un acte négocié, juste et équitable. L'implication de l'administré dans les problèmes d'urbanisme et sa
contribution dans la réalisation de l'intérêt général passe aussi par sa sécurité foncière et la protection juridique de son droit de propriété et son indemnisation, le cas échéant, préalablement et justement.
En
plus de l'enquête publique et du respect des droits des administrés, la
concertation peut suivre des voies institutionnelles. A cet égard, la
création des Comités d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement
(C.A.U.E.) (Décret exécutif du 19-11-1995) est une approche qui, si
elle est prise au sérieux, pourrait donner des résultats intéressants.
Bien qu'il s'agisse, là aussi, d'un organisme conforme à ce
qui existe en France, jusque dans sa dénomination ; il dénote un souci
de prise en charge d'échelles plus réduites de l'urbanisme, de promotion de la qualité du cadre bâti et de son environnement et surtout le retour de l'architecte et de
l'usager-citoyen sur la scène urbanistique, en tant que consultants. Ce comité, installé dans chaque wilaya, est un organe consultatif composé de représentants de l'Etat (trois directeurs de wilaya,
parmi lesquels on élit le directeur du comité, trois élus locaux désignés par le wali), un représentant local du conseil de l'ordre des architectes et enfin de représentants d'associations
qualifiées en matière d'architecture, d'urbanisme et d'environnement (deux représentants élus). La tâche du comité est de traiter toutes les questions relatives à l'urbanisme
et à la protection des sites classés et des sites naturels sensibles ;
il est chargé d'aider les collectivités locales, en les conseillant, à
mettre en place des instruments d'urbanisme respectueux de règles d'architecture,
notamment locale ; par ailleurs le comité doit orienter Conseiller et
encadrer les opérations de rénovation, de réhabilitation et de
viabilisation des tissus urbains, surtout anciens ou spontanés; enfin,
il conseille les collectivités sur leur leurs projets d'installation de
mobilier urbain, d'aménagement des espaces verts, de loisirs,
de zones boisées...
Enfin, notons que la concertation est à envisager comme partie intégrante du projet qui n'est que le
produit
d'un processus "dialogique" dans lequel le spécialiste réalise ce qui
est avant tout commode pour son client. La figure du planificateur
démiurge a atteint ses limites. Le travail d'aménagement sera
davantage
assuré par des organismes de proximité et de mission, traitant de
problèmes spécifiques, selon des méthodes spécifiques, et non plus par
des organismes bureaucratiques. Cette tendance conduit à la mise en
place d'un ensemble d'actions et de structures d'étude adaptées à un
contexte particulier, qu'on désigne sous le vocable de politique de la ville.
L'investissement comme moteur et objectif de l'urbanisation
Avec
la fin de l'Etat investisseur, l'investissement privé devient un
instrument incontournable pour le développement des villes et pour la
sauvegarde de leur équilibre économique et social (offre d'emploi).
En
fait, pendant toute la décennie 80, l'Etat amorce un lent mais certain
processus de désengagement des tâches d'investissement économique, en
offrant des champs d'action de plus en plus larges au secteur privé
national et étranger, c'est ainsi que dès 1982, le secteur privé est
autorisé à investir
dans des activités dites d' utilité économique et sociale, bénéfiques pour l'ensemble de la collectivité.
Aujourd'hui,
l'efficacité de la gestion locale se mesure aussi par la capacité à
donner une image attractive du territoire (actions de marketing), à
attirer des investissements et à leur offrir des conditions
d'épanouissement satisfaisantes.
C'est dans cet ordre d'idées que furent instituées, en 1993, les Comités d'assistance, de
localisation et de promotion de l'investissement de wilaya (C.A.L.P.I.),
qui définissent, en prenant en compte les instruments d'urbanisme, les
équipements et les opportunités foncières nécessaires aux
investissements, dans le respect des ressources locales, notamment les
terres agricoles. Ceci dit, il
apparaît d'après les premières
expériences que le rôle des C.A.L.P.I. se limite généralement à celui
d'un organisme pourvoyeur de terrains, parfois détournés de leur
vocation initiale, alors qu'il doit notamment gérer, une politique
d'investissement local plus élaborée. L'Agence de promotion et de suivi
de l'investissement (A.P.S.I.) simplifie, de son côté, la procédure
d'investissement.
Comme dans toute économie libérale, l'encouragement de l'investissement
passe non seulement par l'accès facile à des terrains viables, mais
aussi par les incitations fiscales et la simplification
de la procédure. Dans cet esprit, s'inscrit la définition des Zones à promouvoir dont les difficultés imposent des efforts d'investissement
et d'équipement importants ; des Zones d'expansion économique (Z.E.E.),
pour les activités tertiaires, productives ou touristiques ; et des
Zones franches,
zones le potentiel économique, la vocation et la situation sont des atouts à
mettre en valeur.
Les survivances du volontarisme
En
limitant son intervention dans le domaine de l'urbanisme au contrôle,
l'Etat conserve une part . de la politique volontariste en matière
d'aménagement du territoire.
L'action volontaire de l'Etat en
aménagement du territoire et qui trouve un prolongement direct à
l'échelle de l'urbanisme, est la politique dite des villes nouvelles
censée éviter les erreurs de l'urbanisation par la Z.H.U.N. Ses objectifs sont :
· réorganiser
l'armature urbaine, en prévision d'une population urbaine en 2010 qui
sera double de celle recensée en 1990. L'exode rural est désormais
considéré comme irréversible et inévitable, mais la
réorganisation
de l'armature urbaine devrait en atténuer les effets par un
desserrement de la pression autour des grandes villes ;
· relier
l'urbanisation à la politique économique en résolvant en partie la
contradiction, aux alentours des grandes villes (Alger, notamment),
entre l'urbanisation et les terres agricoles, mais aussi entre
populations et potentialités d'emploi. Par ailleurs, le projet de
villes nouvelles doit s'accompagner
du développement des infrastructures (route, chemin de fer, hydraulique...).
Enfin,
du point de vue économique, les villes nouvelles sont pourvoyeuses
d'emplois, environ 22 000 emplois permanents pour chaque ville
(industries agro-alimentaires, recherche scientifique...) ; à ces
emplois permanents s'ajoutent ceux générés par les chantiers (politique
des grands travaux) ;
· décongestionner
la ville d'Alger, en établissant une couronne de villes nouvelles
moyennes (Naciria, Mahelma, El Affroun, Bouinan, et plus loin, dans les
Hauts-plateaux, Boughezoul), dont la population varierait de 100 000 à
120 000 habitants, la situation de ces villes dans la région d'Alger
(région
nord-centre) est une reconnaissance de fait du rôle primordial de la Capitale, qu'il s'agit simplement de désengorger.
· développer
et promouvoir l'investissement et le partenariat (public et privé) qui
doivent contribuer à la création des activités économiques et à la
promotion immobilière ;
• créer des villes structurées et
animées qui ne soient pas des cités-dortoirs comme le furent les
Z.H.U.N., par la réalisation intégrée des équipements, de l'habitat
urbain et des infrastructures de transport.
Malgré son apport réel sur le plan de la procédure d'urbanisation,
par la création d'établissements publics d'aménagement des villes
nouvelles, la confrontation entre plusieurs savoir-faire disciplinaires
et la jonction qu'elle opère entre le volontarisme de l'Etat et les
mécanismes d'investissement et d'urbanisation dans une économie
libérale, l'option des villes nouvelles connaît des hésitations
significatives qui nous poussent à nous demander s'il s'agit d'un
véritable choix stratégique ou d'un simple effet de mode issu des
expériences des pays développés depuis quelques décennies ou de
quelques pays sous-développés depuis peu.
L'avenir dira si ce choix
est viable et positif ; mais déjà, il est à craindre, dans un contexte
politique et économique défavorable, des problèmes de gestion et de
réalisation et que le résultat ne soit qu'une transposition des
problèmes des villes existantes dans des sites mal préparés ou non
accueillants.
CONCLUSION
L'Algérie est certainement le pays de la rive sud de la
Méditerranée qui a expérimenté, en une période historique courte, des
politiques urbaines fort différentes, voire opposées. Après
l'expérience du tout planifié, la planification urbaine algérienne
adopte des instruments d'urbanisme soucieux de la gestion et du
contrôle d'une occupation rationnelle des sols urbains.
Mais quelle
que soient les avancées que ces instruments introduisent du point de
vue des objectifs, des méthodologies et des procédures, leur impact
pratique s'avère limité dans l'état actuel de la
pratique et de la
recherche et en l'absence d'un réel débat sur la ville algérienne de
demain : quelle en est l'idée ? Quelle en sera la forme ?
Les
conditions culturelles, intellectuelles et professionnelles ne sont pas
mûres pour une réflexion générale sur l'urbanisme algérien, sur l'idée
de ville algérienne souhaitée et sur ses
instruments d'application.
On assiste plutôt aujourd'hui à la création de nouveaux instruments
d'urbanisme spécialisés, de portée ponctuelle, qui viennent s'ajouter
ou remplacer la panoplie des instruments existants, sans aucune vision
d'ensemble des enjeux, sans garantie d'efficacité et sans aucun modèle urbain
sous-jacent. La prolifération et accumulation des instruments
d'urbanisme spécialisés - quelques soient les progrès par rapport à la
situation antécédente - contribuent à créer une certaine confusion dans
la pratique urbanistique aujourd'hui, laquelle a perdu toute capacité
d'élaborer un Projet de ville. Les P.D.A.U. répliques des
P.U.D. ainsi que la démarche ponctuelle et isolée du Grand projet
urbain algérois (G.P.U.) sont autant de signes qui confirment ce
constat.
Avec la fin de l'Etat volontariste et du mythe du tout planifié, d'une
part, et avec la mondialisation de l'économie et de la concurrence,
d'autre part, la conception de la ville devient, avant tout, la
conception
d'une image à promouvoir. En cette fin du 20è siècle, le développement
technologique et les nouvelles conditions sociétales, feront que la
ville ne sera plus un dispositif de localisation fonctionnelle des
activités, mais plutôt un dispositif spatial dont l'image - avec toutes
les dimensions et la complexité que cette notion recouvre - est, soit
attrayante, soit répulsive, pour ses propres habitants et les autres.
Ceux
qui font la ville algérienne (décideurs, techniciens, acteurs urbains)
sont-ils en mesure de relever ces défis, et si non, sont-ils, au moins,
conscients des enjeux du phénomène d'urbanisation à l'avenir ?...
via:
MAOUIA SAIDOUNI , élément d’introduction à l’urbanisme, CASBAH Edition, 2001, pp 200, 223.
Re: Panorama de l'évolution des politiques urbaines et des instruments d'urbanisme en Algérie
merci jazaki alaho kola khair inchalah
ibtissem- Messages : 9
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Re: Panorama de l'évolution des politiques urbaines et des instruments d'urbanisme en Algérie
salam ..
merci archi .
merci archi .
archazerty- Messages : 29
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Re: Panorama de l'évolution des politiques urbaines et des instruments d'urbanisme en Algérie
pas de quoi .... bitawfik nchallah ...
Re: Panorama de l'évolution des politiques urbaines et des instruments d'urbanisme en Algérie
dans ce sens , il y a un exposé (merci anonymous) qui explique si bien cette chronologie sur:
http://www.4shared.com/file/L44SmcvD/Copy_of_Les_instruments_urbain.html
http://www.4shared.com/file/L44SmcvD/Copy_of_Les_instruments_urbain.html
Re: Panorama de l'évolution des politiques urbaines et des instruments d'urbanisme en Algérie
merci c sa s k je cherche
nana_archi23- Messages : 16
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Re: Panorama de l'évolution des politiques urbaines et des instruments d'urbanisme en Algérie
merci bi1.....baraka allaho fik
noor- Messages : 49
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Re: Panorama de l'évolution des politiques urbaines et des instruments d'urbanisme en Algérie
thank's un forum toujours riche et diversifié bravo!!archi!
artichaut- Je Suis Un Membre HyperActif
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Re: Panorama de l'évolution des politiques urbaines et des instruments d'urbanisme en Algérie
merci bien c interessant
sonif- Messages : 207
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Re: Panorama de l'évolution des politiques urbaines et des instruments d'urbanisme en Algérie
merci
ce forum est tres riche
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chahra- Messages : 684
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Emploi/loisirs : Architecte
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