Projet Urbain: Etude de l'expérience française

Projet Urbain / GTU Enseignante :Boudjabi Naouel H


Etude de l’expérience française : Un projet de réinsertion urbaine
ne.

I. Situation : Lorient, située au nord ouest de la France, fait partie du département du Morbihan, qui a
pour préfecture la ville de « Vannes ». Cette commune est à une altitude de moins de100m et elle s’étend
sur plus de 1700 Ha.

II. Historique de Lorient:
Historiquement, Lorient ne peut se comprendre sans rappeler
que la ville a été entièrement détruite lors de la dernière guerre
(39 /45).La Reconstruction a été suivie, dans les années soixante,
par l'apparition des premières barres de logement social qui
représenteront 40 % de l'ensemble du parc habité. Sans jamais, faire le rapport de la ville à la mer, les
implantations se sont multipliées au gré des opportunités foncières. Les bâtiments du Quai de Rohan (le grand
ensemble) ont été fondés au coeur de la ville (son centre) et au bord de mer. Cette situation incroyable
d'ensemble de banlieue, qui n'en n'est pas un, a soulevé beaucoup d’obstacles administratifs à l'application
d'une procédure de DSQ, par rapport aux critères sociaux. Mais l'obstacle le plus fort à l'évolution du
quartier était social. Malgré sa marginalisation, les habitants n'envisageaient pas de le quitter. Et lorsque
vers 1986, la presse a parlé d’une éventuelle destruction, des manifestations d'opposition avaient éclaté
aussitôt. Car pour bon nombre des habitants qui avaient investi ces logements (après les baraquements de
l'après-guerre), cette installation représentait une véritable promotion sociale : par rapport à la faiblesse des
loyers (les plus bas du parc). Le projet n'a donc pu se développer qu'à travers un intense travail d'accompagnement.

III. Problématique : On est en 1988, Lorient, quai de Rohan : 3 barres de dix étages construites dans les
années 60, 160 mètres de long pour la plus grande, 80 pour les deux autres. Des mètres et des mètres de
façades en front de mer, un barrage contre l’Atlantique. Dans ces quelque 480 logements, des hommes,
des femmes. Des personnes âgées très enracinées (attachées) dans leur quartier. Mais leur situation est
d’une grande précarité (déséquilibre) pour la plupart : chômage (+40%), pauvreté, cohabitation
conflictuelle (voisinage), mauvaise isolation phonique, parties communes dégradées, halls et espaces
extérieurs pauvres et dégradés. Marginalisation du quartier par rapport au reste de la ville. Dans cette
zone d’exclusion sociale et urbaine c’est toute une population qui partage le sentiment d’être hors la ville.

IV. Objectifs du projet urbain : Remodeler (corriger et moderniser) entièrement les barres de Rohan
(remodeler en profondeur, réinsérer la cité dans la ville). Le projet avait dès le départ un enjeu politique
clairement défini: préserver le logement social en centre ville, maintenir la population de la cité, améliorer
la vie quotidienne de chaque habitant du quartier et redonner à la ville sa
« maritimité ».

V. Les éléments du Projet

V.1. Une équipe pluridisciplinaire autour d’un projet unificateur : Des architectes, des urbanistes,
des sociologues, des organismes, des politiques, des habitants, tout un réseau de compétences, et de
confiance. Des individus persévérants et convaincus par leur objectif sont à la base du succès de
l’entreprise. Le projet était cependant dirigé par l’équipe de l’Architecte Roland Castro. Ainsi le projet a
pu bénéficier

V.2.D’une volonté politique forte :
M. Jean-Yves Le Drian, maire de la ville et son adjoint à l’urbanisme Norbert Métairie donnent toute leur
confiance à l’équipe, ainsi que le sous-préfet: offre d’un soutien administratif malgré les difficultés qui se
présentent.

V.3.D’une ingéniosité administrative et financière :
Alain Lampson, ancien employé de l’office HLM qui deviendra par la suite directeur de Lorient HLM, il
était à l’époque sans moyens. C’est lui qui s’ingénie à faire passer le projet marginal dans les mailles
administratives, mettant à contribution le plus large éventail de partenaires financiers.

V.4. De l’action de sociologues et de l’enthousiasme participatif des habitants du quartier :
Dirigée par Serge Brunet, lui-même enthousiaste, l’équipe de sociologues (Antenne DSQ) s’engage sur le
terrain de façon motivée et efficace. L’antenne implante alors ses bureaux dans la cité, emploie des
habitants du quartier, réunit maître d’oeuvre, maître d’ouvrage et divers participants au projet tout en
instaurant un dialogue systématique (méthodique et bien réfléchi) avec la population. Le rôle
d’intermédiaire entre tous les acteurs de l’aventure est parfaitement porté par la DSQ qui assure ainsi une
meilleure compréhension et donc réalisation du projet.

V.5. Du savoir-faire des Ateliers Castro-Denisoff et des professionnels des bâtiments impliqués :
En plus de la maîtrise des Ateliers Castro-Denisoff, le projet est également porté par des professionnels
motivés : le paysagiste Ronan Desormeaux, le peintre Annick Démier et des entreprises compétentes. En
plus de trouver des solutions techniques adaptées à certaines constructions ou démolitions complexes, a
parfaitement saisi la dimension sociale du projet puisqu’elle emploie des habitants du quartier.
Autant d’individus et de personnalités unissent ainsi leurs talents et efforts dans le même projet urbain, architectural et social, pour pas à pas, faire renaître un quartier.

VI. Les actions du projet urbain du Quai de Rohan :
Obtenu sur un concours de 1989, le début du chantier était le 01 /01 / 1992, la fin : 01/ 02 /1996,
mais entre étude et réalisation le projet s’est étendu sur 07 ans de travail en continu. La surface concernée par ce projet est de 38 000 m2.

L’idée principale dans la recomposition du quartier était de tailler une rue qui divise en deux le
bâtiment central: c’est cette percée lumineuse (suppression d’une travée de logements) qui prolonge une rue et crée une ouverture directe sur le port de Lorient. Puis, rapidement se dessinent les principales autres
opérations et éléments :
- Ecrêter : réduire progressivement la hauteur des barres par paliers de deux niveaux à partir des bords du
bassin à flots.

-Ajouter: créer des excroissances, balcons et terrasses.

-Compenser : la taille (grande barre coupée en deux) et l’écrêtage éliminent une centaine de logements
qui sont recréés par la construction de bâtiments neufs en R+3, perpendiculaires aux barres, qui délimitent
l’espace public et constituent un système d’îlots ouverts.

- Remanier : recomposer l’espace des appartements, modifier leur typologie…

- Requalifier : les espaces publics et espaces verts.
Les travaux de la première phase de remodelage commencent en janvier 1992, la seconde et dernière
phase finira en 1996. Pour chacune d’entre elles, les travaux de démolition et de réhabilitation, l’écrêtage
en particulier sont d’une précision chirurgicale.

VII. Les mesures prises durant le projet:
Pendant toute la durée des travaux, des mesures sont prises pour diminuer les bruits et écarter tout
danger : des passerelles et tunnels de protection aident au cheminement des locataires. Locataires qui,
pendant ces trois phases de chantier, sont eux-mêmes suivis et surtout pris en charge.

VII.1. Accompagnement sociale et l’antenne DSQ (rôles et actions) :
Placée sur le terrain dès le début du projet. Rôle principal de l’antenne: les interventions de concertation
auprès des habitants dans une démarche de développement social de quartier: « mieux habiter, mieux
vivre au quotidien ». Elle présente aux locataires des maquettes, plans et dessins puis des appartements
témoins. En plus des adultes, les enfants et les jeunes de la cité sont également impliqués, notamment
dans la conception des espaces publics: ateliers, définitions précises des besoins exprimés et fonctions
souhaitées, des espaces et des structures de jeux, constitution d’un projet, travail avec le paysagiste Ronan
Desormaux. L’équipe diffuse aussi en permanence toutes les informations nécessaires à la compréhension
du projet, et engage également de nombreuses autres actions d’accompagnement social : - création d’une
bibliothèque et d’une vidéothèque - soutien scolaire et éducatif - information juridique (mise en place
d’une « boutique du Droit »)- formation de prévention en matière de santé - accompagnement des
personnes âgées et des handicapés - suivi individuel des jeunes - aide à l’insertion ou à la réinsertion
professionnelle (mise à profit du chantier notamment) - ateliers de communication (création d’un journal
de quartier)- d’alphabétisation - création d’ateliers d’artistes au sein de la cité - d’une Maison de quartier
- accueil d’un photographe professionnel pour témoigner en images du remodelage…etc.

VII.2. Le Relogement provisoire :
La DSQ prend en charge le relogement provisoire des habitants. Loin des lourdes opérations de
délocalisation, généralement mal vécues, tout est organisé pour un déplacement minimum des personnes.Seuls les habitants des étages directement inférieurs aux parties en cours d’écrêtage sont donc relogés,
dans un véritable hôtel spécialement conçu pour les recevoir (au sein d’appartement - hôtels, d’une
création momentanée). Par la suite, la connaissance fine des individus aide au relogement ou à la réattribution des appartements en fonction de la composition familiale, des ressources financières et du mode de vie de chacun.
Engager ainsi les habitants dans le processus de transformation de leur quartier change le regard qu’ils portent sur leur cité, l’image de leur quartier est donc doublement modifiée. D’habitants ils deviennent acteurs de la cité, acteurs qui se réapproprient les lieux, participent à leur transformation plutôt que de la subir.

VIII. Les effets du projet:
En premier lieu, les habitants de la ville portent un nouveau regard sur leur
ville, les demandes de HLM au sein de la cité ne tardent pas à venir. Les 40 logements supplémentaires
que le remodelage a permis de créer ce sont très vite remplis. Aujourd’hui, le taux de chômage de la
population a chuté à 12% en raison notamment de la plus grande mixité socio-économique de ses
habitants. Et, autres petits signes qui ne trompent pas: dans la cité, pas un tag (graffiti) sur les façades, des
cages d’escalier toujours accueillantes, des jardins respectés et même des palmiers royaux plantés dans les
allées sont désormais bien entretenus.

Conclusion : Pertinence et difficultés du projet
Les points de force du projet de remodelage du quai de Rohan:

_ Changement de l’urbain, sans changement du social : il s’agit d’un projet initialement social, les
habitants se sont retrouvés en véritable acteurs.

_ Clarté, netteté et force de la volonté et de l’engagement politique.

_ Bonne mise en marche de la notion de partenariat, bonne répartition des charges.

_ Bonne gestion de la complexité sociale et spatiale, dans la durabilité.

_ Efficacité des équipes et une bonne approche pluridisciplinaire.

Les difficultés + points faibles :
_ Les contraintes de l’existant + les critiques et opposition / appartements témoins.

_ Les maladresses architecturales / au niveau des appartements

_ La difficulté de gestion : spatial /social.

MERCI